Le logement, un facteur de stabilité. Et si ce secteur est décrit depuis des décennies comme «en crise», ce n’est pas faute d’avoir été au centre de nombre de politiques étatiques et de quasiment toutes les revendications sociales.
Pour faire face à cette demande toujours croissante et d’autant plus pressante, l’Etat s’est engagé dans une politique de construction à tour de bras. Un million, puis deux millions, AADL 1 et 2, LPP, LSP et autres habitations rurales ont fleuri dans le discours officiel et ont redonné espoir à des millions de citoyens. Le gouvernement l’a d’ailleurs compris : la paix sociale s’achète avant tout à coup de F3.
Et ce n’est d’ailleurs pas pour rien qu’à l’approche de l’échéance électorale du 17 avril, les annonces de lancement de vastes projets de réalisation, de distribution et de relogement se sont multipliées.
Politique du chiffre au détriment de la qualité et du cadre de vie, retards et annulations, approximations quant aux bilans et bricolages démagogiques, les reproches émis par les professionnels du secteur et par les souscripteurs déçus sont légion. Ont-ils été pris en compte par les candidats à la magistrature suprême dans l’élaboration de leurs programmes électoraux ? El Watan a demandé à des experts une liste non-exhaustive de ce qui devrait être fait dans ce domaine. Puis leur a soumis ces propositions anonymement. «Déconnectés du terrain», «beaucoup de vœux pieux, pas assez de concret»…
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Ce qui doit être fait selon Abdelhamid Boudaoud :
Application des lois
Car le problème de ce secteur réside dans la non-application de toutes les lois élaborées depuis l’indépendance. C’est précisément à ce niveau que l’accent devra être mis à l’avenir pour contraindre les autorités locales à user de leurs prérogatives en la matière et faire respecter la loi dans toute sa rigueur.
Maîtrise d’œuvre
En finir avec l’attribution subjective de maîtrise d’œuvre sur la base du moins disant ou du BET localement implanté. De même, il est indispensable d’enrichir les cahiers des charges avec la contribution des cadres expérimentés en la matière.
Choix de l’entreprise
Opter pour le choix rigoureux des entreprises de bâtiment, qui doivent justifier de références professionnelles solides et sérieuses, de la qualification de la main-d’œuvre et d’un matériel moderne et performant.
Responsabilité de l’architecte
Responsabiliser l’architecte dans tout acte de bâtir et ce, du début des études techniques en passant par le suivi et le contrôle de réalisation jusqu’au certificat de conformité.
Parc immobilier
Recenser le parc immobilier existant de chaque commune, en le répartissant par tranche d’âge (différentes typologies) et en faisant ressortir le parc immobilier vétuste (grille de vétusté et carnet de santé).
Créances de l’OPGI
Afin de permettre à l’Etat de disposer de fonds pour mener à bien les projets de construction et leur réhabilitation, il est impératif de se pencher sur une méthode efficace et coercitive de recouvrement des créances de terme par les 53 OPGI que compte le territoire national et la vente du reste du parc immobilier locatif (800 000 logements).
Bâtisses inachevées
Une attention particulière devra être portée aux nombre de constructions inachevées sur tout le territoire national depuis plus de 15 ans, ainsi que sur les nombreux logements inoccupés.
Logements inoccupés
Compte tenu de la forte demande de logements, il y a lieu d’adopter une stratégie appropriée pouvant garantir un meilleur marché locatif, avec la création d’une grille du prix de location au mètre carré. Selon certaines estimations, cela représente, en additionnant les bâtisses inachevées, un réservoir de quelque un million de logements.
Source: El Watan