Sur les 720 189 logements sociaux-locatifs mis en service avant 2004 et proposés à la vente par les Offices de promotion et de gestion immobilière (OPGI), à peine 226 852 ont été cédés à leurs occupants.
Auditionné hier par la Commission de l’habitat, de l’équipement, de l’hydraulique et de l’aménagement du territoire de l’Assemblée populaire nationale (APN), le ministre de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, Abdelwahid Temmar, a présenté un rapport qui récapitule la situation de son secteur, faisant, entre autres, le bilan de l’opération de vente des logements sociaux mis en service avant 2004, lancée, faut-il le rappeler, au temps du ministre Noureddine Moussa.
Abdelmadjid Tebboune s’était expliqué déjà – en mai 2016 devant le Conseil de la Nation – sur les lenteurs que connaît cette opération. Mais, la situation n’a pas vraiment évolué depuis.
En effet, selon les chiffres communiqués hier par Abdelwahid Temmar, à peine 226 852 logements sociaux-locatifs ont été cédés à leurs occupants sur les 720 189 mis en service avant 2004 et proposés à la vente par les Offices de promotion et de gestion immobilière (OPGI). Soit 31,5% des logements mis en vente et qui représentent près des deux tiers (63,94%) du parc géré par les OPGI et qui s’élève à 1,14 million de logements. L’opération a rapporté jusqu’ici 48,5 milliards DZD. Ainsi, près de 500 000 unités (493 337) n’ont pu être cédées et ce, pour de multiples raisons.
Si l’audition, hier, de Abdelwahid Temmar a été tenue à huis clos, Abdelmadjid Tebboune, lui, avait donné, dans sa réponse à une question orale au Conseil de la Nation en mai 2016, quelques explications qu’il est utile de rappeler.
Tebboune, qui avait rendu publics les résultats partiels de l’enquête réalisée par une commission installée au niveau de son département afin d’analyser les difficultés que connaît l’opération, a indiqué que «beaucoup d’occupants de ces logements à loyers modérés ne comptent pas parmi les bénéficiaires initiaux et n’ont pas le droit de jouir de ces logements». «Le nombre des indus occupants tourne autour de 250 000», avait-il déclaré. Dans ce contexte, il convient de souligner que même si la loi limite la cession du droit de jouissance des logements sociaux-locatifs aux seuls descendants du bénéficiaire, elle n’a pas empêché les bénéficiaires de la contourner et de vendre le «pas de porte» moyennant une reconnaissance de dette.
Un véritable marché parallèle où les logements sociaux changent de main comme s’ils étaient la propriété de leurs occupants s’était développé à l’ombre du mode de distribution de ces logements où le piston est érigé en règle. Cette situation a fortement déséquilibré les trésoreries des OPGI qui accumulent des milliers de milliards d’arriérés de loyers et trouvent énormément de difficultés à les recouvrer.
Or, la décision de vendre ceux mis en service avant 2004 à leurs occupants n’a pas réglé le problème. Et malgré les prix bas desquels seront déduits les montants des loyers versés jusque-là par l’acquéreur, l’opération, lancée en 2008, n’a pas abouti. La régularisation d’une partie des indus occupants en 2016, les membres de la famille du bénéficiaire initial notamment (ascendants, frères et sœurs, beaux-frères), n’a pas boosté la vente. A peine le tiers de ces logements a pu être cédé en dix ans.
Source: le Soir d’Algérie