C’est un véritable coup de tonnerre dans un ciel d’été, qui venait de s’abattre sur Annaba, une ville où un scandale en cache un autre. A un goût amer, l’enquête choc d’une commission d’inspection dépêchée d’Alger dresse un état des lieux sans concession de la situation de l’Office de Promotion et de Gestion Immobilière (OPGI) d’Annaba. Il s’agit de deux décennies de gestion, le moins que l’on puisse dire, catastrophique à plus d’un titre. Une direction intouchable, une organisation du travail absurde, un suivi aléatoire du financement, des projets en souffrance, des dépassements en série, des incivilités pesantes, des insuffisances, une vulnérabilité à tous les niveaux : la liste des défaillances est longue. Dans notre article, nous ne citerons aucun nom, nous n’userons d’aucune complaisance, ni ne recourrons à un quelconque parti pris, tant le mal qui ronge cet office public n’exige pas de faire le procès des uns ou d’innocenter les autres. Aucune plaidoirie et aucun réquisitoire ne parviendront à confirmer ou infirmer l’ampleur d’une « situation catastrophique » qui n’est et ne peut être que l’effet de ceux qui ne manquent pas de se gargariser du pouvoir que leur confère la loi et les règlements, mais malheureusement, se sont avérés loin d’assimiler et d’appliquer ces instruments de gestion dans la sérénité et l’impartialité exigée de toute gestion honnête, fiable et crédible. Les conclusions du rapport de la commission d’inspection dépêchée d’Alger du 15 au 17 octobre 2018, pour éplucher la gestion de l’OPGI d’Annaba, ont fait apparaitre de graves irrégularités tant sur le plan de l’organisation et du fonctionnement que sur le plan de la gestion et de l’exécution des programmes en charge. À commencer par la non- tenue des réunions du conseil d’administration depuis le mois de février 2017, au mépris de la réglementation en vigueur, notamment la décision ministérielle no 1261 du 21 novembre 2017 portant des membres du conseil d’administration de l’OPGI Annaba. La commission d’enquête fait état également de l’engagement de dépenses au nom de l’Office sans respect de la réglementation en vigueur (non approbation du budget par le C.A), du non-respect du cadre réglementaire fixant l’organigramme de l’office, du non-pourvoi des postes de cadres dirigeants au nombre de quatre (4) à savoir le DRHMC, DFC, DMO et DDPIF et le non-respect du cadre réglementaire régissant les nominations et les fins de fonctions des cadres dirigeants. Et la liste est encore longue, un peu trop pour un office étatique. Les irrégularités aussi bien des registres réglementaires, si non l’absence des registres imposés par la réglementation en la matière (absence de certains registres et non-conformité), que celles des réunions de la commission des marchés et le retard flagrant dans le traitement des projets de contrats, ainsi que les travaux complémentaires et supplémentaires ordonnés sans couverture financière et contractuelle, ont été également relevés par les membres de la commission d’enquête. Qui plus est, comme l’anarchie ambiante était la règle, la comission dénonce l’absence même les arrêtés de transfert et des permis de construire des programmes LPL et LSP et EP, la non- adoption des résultats des comptes sociaux pour les exercices 2016/2017, le suivi aléatoire du financement des programmes de logements, auxquels il faut ajouter le non-respect de la procédure de clôture des opérations PEC de 1997 à 2009, l’absence de contrats des logements et la faiblesse des taux de recouvrement. Nous apprenons au final, que les hauts responsables du secteur exigent la prise en urgence de toutes les mesures réglementaires requises pour remédier à cette situation, à l’issue de l’établissement d’un rapport circonstancié. Des sanctions et poursuites judiciaires particulièrement à l’encontre des responsables investis d’une mission de service publique, sont inévitables, affirme la même source.
Source: l’Est républicain 02/04/2019