Dans la wilaya de Blida, il y a environ 20 000 souscripteurs à l’AADL 2. Mais le sort de la plupart d’entre eux reste encore inconnu ! Et pour cause, plus de la moitié des souscripteurs n’ont pas encore fait le choix du site cinq ans après leur souscription au programme, et ce, faute de foncier pouvant abriter les logements.
A Sidi Serhane, à sept kilomètres de Bouinan (sur les hauteurs), il y a 7000 logements qui sont en cours de réalisation, 5000 logements dont le taux d’avancement tourne autour de 60% et 2000 qui ne sont qu’à 30%. A l’extrême est de la wilaya de Blida, soit à Meftah, au site dit «Saf Saf», situé sur les hauteurs de la ville, sur un programme de 3750 logements, seuls les travaux de construction de 1200 logements sont lancés, en attendant l’assainissement de tout le foncier concerné par les projets de l’AADL.
Sinon, aucun autre site n’est encore concerné par le programme en question. «A ce rythme, on aura nos logements dans deux ans au minimum. Il faut compter la fin des travaux, l’aménagement des cités, les travaux des VRD, la construction d’équipements publics, comme les écoles et les brigades de gendarmerie. Il nous faut donc sept ans d’attente, et encore ! », regrette un souscripteur orienté au site de Sidi Serhane.
Un autre poursuit : «Au site de Sidi Serhane, il y a plusieurs grands pylônes d’électricité qui sont implantés non loin des logements. Un programme de leur délocalisation est officiellement prévu, ce qui nécessitera aussi d’avantage de temps. On n’est pas sorti de l’auberge ! On nous a menti au début en annonçant que les travaux n’allaient pas dépasser deux ans. Aujourd’hui, cinq ans après, j’ai déboursé plus de 100 millions de centimes rien que pour le loyer. Et la solution n’est pas pour demain, malheureusement.»
La ville nouvelle de Bouinan destinée aux algérois
Il faut dire que le plus grand parc immobilier de l’AADL dans la wilaya de Blida est situé à la ville nouvelle de Bouinan. Mais les sites relevant de cette ville sont destinés aux souscripteurs d’Alger. Environ 20 000 logements, achevés ou en cours d’achèvement, vont être distribués, au fur et à mesure aux Algérois. «Pourquoi cette injustice, l’AADL aurait dû au moins prévoir un quota au profit des souscripteurs de la wilaya de Blida.
Faut-il dorénavant s’inscrire à Alger pour avoir un logement en priorité à Blida ou ailleurs», regrette un souscripteur qui n’a toujours pas fait le choix du site. «Puisqu’il y a pénurie de foncier à Blida, on aurait souhaité que l’AADL se penche sur notre cas pour nous délivrer un quota dans la ville nouvelle de Bouinan. Sinon, on risque de ne pas avoir de logement», renchérit-il.
Au mois de janvier 2017, une question orale a été posée par un député de Blida au ministre de l’Habitat de l’époque, Abdelmadjid Tebboune, au sein de l’hémicycle de l’APN. «Quel est le quota des souscripteurs de Blida aux sites de la ville nouvelle de Blida, et ce, pour une meilleure équité», lui a-t-il demandé.
L’ancien ministre lui répondit : « Je ne peux pas vous donner le quota, nous ne sommes pas dans cette logique régionaliste, mais je peux vous assurer que les souscripteurs de Blida seront prioritaires.
Et c’est le surplus de logements qui sera destiné pour la capitale.» Près de deux ans après, ces déclarations officielles dans un lieu représentant le peuple s’avèrent finalement mensongères, ou du moins ce ministre n’avait aucune prérogative pour appliquer sa décision… Les souscripteurs de Blida ne comptent pas baisser les bras. Ils organisent périodiquement des sit-in et mouvements de protestation pour faire valoir leur droit au logement.
Des sit-in pour faire valoir leurs droits
Mardi dernier, ils ont profité du jour férié (1er Moharram) pour organiser un sit-in et une marche au centre-ville de Blida. Ils étaient environ une soixantaine, selon les organisateurs. La particularité de leur mouvement cette fois-ci : pas trop de tapage pour éviter les poursuites policières. «Nous nous sommes rencontrés à la place de la Liberté, au cœur de la ville, mais en groupes dispersés. Nous avons ensuite mené une marche d’environ un kilomètre, avec comme point final le siège de la wilaya.
Nous avons marché en petits groupes discrets pour éviter les arrestations. Une fois devant la wilaya, nous avons décidé de nous afficher, en exigeant une solution à notre problème», racontent des protestataires. Des représentants de ces derniers ont été reçus par le wali intérimaire et le P/APW. Ces derniers les ont rassurés qu’une solution doit être trouvée à leurs revendications légitimes. Des députés se sont aussi montrés disponibles pour jouer les intermédiaires entre les souscripteurs «lésés» et les services de l’AADL.
Nous avons appris que les sites AADL d’El Affroun et de Beni Tamou seraient annulés. Pour celui de Bouarfa, à la cité Drioueche, un expert a été désigné pour s’entendre avec les héritiers qui sont contre l’implantation de logements AADL sur leur bien. Pendant ce temps, les souscripteurs AADL de Blida doivent prendre leur mal en patience pour espérer un jour recevoir les clés de leur logement…
Et encore ! Le ministre de l’Habitat était récemment en visite dans la ville nouvelle de Bouinan pour inspecter les logements finis (au profit des Algérois) et n’a même pas daigné présenter d’excuses ou rassurer les souscripteurs de Blida qui se sentent lésés dans leur droit… au logement.
Source : Journal el watan – MOHAMED BENZERGA – 14 SEPTEMBRE 2018