CONSTANTIN- La corrélation entre la copropriété et la responsabilité collective dans l’entretien des parties communes des sites AADL à Constantine, devant permettre une meilleure gestion de ces espaces, reste difficile à matérialiser ce qui se répercute négativement sur le cadre de vie des citoyens et crée des dissensions entre locataires et établissements en charge de la gestion du patrimoine.
Dans une copropriété, « la gestion des parties communes incombe à tous les copropriétaires qu’ils soient occupants ou propriétaires », estime Feriel Allouani, une sociologue de la wilaya de Constantine qui a appelé à une « prise de conscience » collective à ce sujet.
La majorité des citoyens ont, plutôt, tendance à acheter ou louer une maison, les parties communes sont généralement conçues comme un espace « dissocié » dont l’entretien et la préservation relèvent de l’essor du propriétaire qui doit veiller sur son bien, l’intervention des locataires « n’est qu’un acte de générosité », souligne, pour sa part Nadjet Djezzar, une avocate qui s’est référée dans son constat à des affaires qu’elle a à traitées.
« Cette approche farouchement défendue par les citoyens n’est pas tout à fait erronée », ajoute l’avocate, considérant que l’occupant du logement doit « prendre conscience de la responsabilité qui lui incombe », sans dépasser les règles du bon sens en évitant toute violation ciblant ces espaces communs (montage de buanderies dans les caves, installation de paraboles sur la terrasse ou salir ces lieux par inconscience ou insouciance).
La préservation des parties communes est avant tout la responsabilité de l’occupant des lieux qui doit « s’impliquer directement et efficacement dans l’entretien de ces espaces par de simples réflexes en rapport avec l’hygiène et la préservation des équipements communs », préconise encore Me Djezzar, qui a fait état de plusieurs centaines de plaintes déposées par des occupants de logements contre les voisins en l’absence du sens civique.
Une question de fond et de … fonds
L’entretien des parties communes nécessite des fonds de la part de l’Agence nationale de l’amélioration et du développement du logement (AADL) dans le cadre de son plan de fonctionnement (recouvrement des loyers et des charges). Toutefois, la prestation de cet organisme public est qualifiée d’ »insuffisante » en la matière par les locataires qui évoquent de « grandes difficultés dans la matérialisation de cette mission ».
Les sites des logements AADL, tous situés dans la ville Ali Mendjeli, se dégradent en dépit de leur « jeune âge » (créés depuis à peine 12 ans), se plaint Chérif M., locataire dans une tour AADL implantée à l’entrée de cette méga-cité, évoquant, dans ce sens, un manque d’entretien des espaces communs.
Le même locataire affirme avoir adressé, avec ses voisins, des lettres de doléances à l’AADL pour intervenir et remédier à cela, mais « nos sollicitations sont restées sans réponse », a-t-il regretté.
Selon le directeur régional de la filiale Gest-immo, créée en 2009 et chargée de la gestion du patrimoine AADL, Lokmane Bechir, son organisme s’attèle à améliorer ses prestations en arrêtant un plan d’intervention comprenant des actions à mener quotidiennement, d’autres mensuellement et autres trimestriellement ou annuellement, selon l’importance de la tâche.
La gestion du patrimoine immobilier de l’AADL, du nettoiement des immeubles jusqu’à l’entretien des équipements communs et la réparation des pannes et des dommages est assuré par Gest-immo qui intervient selon les priorités et en fonction des moyens disponibles, souligne le même responsable, citant l’exemple de réparation des ascenseurs dont l’opération dépend de toute une procédure administratives et technique (avis d’appel d’offres), alors que cette spécialité n’est pas répandue.
Le même responsable ajoute, cependant, que les activités relatives à l’hygiène des lieux et à l’entretien des espaces verts, par exemple, sont « menées de manière régulière avec un plan de suivi permanent qui demeure incomplet sans l’implication directe des citoyens ».
La gestion du patrimoine, véritable « casse-tête » pour les responsables
La gestion des parties communes dont le patrimoine relève du domaine de l’Office de gestion et de promotion immobilière (OPGI) constitue un véritable « casse-tête » pour les responsables, car la majorité des occupants de ces immeubles ne payent même pas les frais du loyer pourtant jugés symboliques.
A ce propos, la wilaya de Constantine est forte d’un patrimoine immobilier de 84.000 logements à caractère social, a fait savoir le directeur général (DG) de l’OPGI, Abdelghani Dib, faisant état d’une moyenne de 40% des locataires qui s’acquittent de leurs factures de loyers.
En dépit de cela, des locataires n’hésitent pas à saisir l’OPGI pour des travaux de réparation d’étanchéité et des problèmes de vides sanitaires notamment, a ajouté M. Dib, évoquant des opérations « assez lourdes » que l’Office programme et réalise par ordre de priorité, car il s’agit avant tout « d’intérêt public ».
Même si le nombre de réclamations soulevées à ce sujet auprès de l’OPGI reste inférieur à celui enregistré par l’AADL, il s’agit d’un patrimoine à préserver et à entretenir en collaboration avec les locataires dont plusieurs restent loin de la norme de responsabilité dans la gestion des parties communes car ne payant même pas leurs loyers, a souligné Mohamed.
B, un juge traitant les conflits opposant l’OPGI aux locataires indélicats.Evoquant l’existence d’un « vide » en matière de textes réglementaires régissant l’aspect de la copropriété, le même spécialiste a appelé à l’élaboration de règles définissant avec exactitude et sans ambiguïté le volet copropriété d’autant qu’aujourd’hui il n’y a pas seulement des propriétaires publics, mais également des promoteurs privés qui réalisent des logements sans se préoccuper des « suites ».