La commune rurale de Sidi Semiane, une localité déshéritée, est un espace naturel incrusté au milieu d’une chaîne de montagnes pas du tout accueillantes. Cette commune se compose de sept douars épars. Sa population totale avoisine les 2900 habitants. La vie y est très dure.
Une caserne de l’Armée nationale populaire (ANP) se trouve à l’extrémité sud de cette commune. L’accès vers la wilaya de Aïn Defla s’arrête au niveau du barrage militaire.
En rebroussant le chemin, nous avons eu la surprise de découvrir une plaque de signalisation qui nous révèle la présence d’une mine de baryte, un produit utilisé pour les forages pétroliers, cette matière sert aussi à supprimer la formation des hautes pressions et à prévenir les éruptions.
La route au sud de Sidi Semiane se trouve dans un piteux état. La baryte est une précieuse matière première en mesure d’être ajoutée éventuellement dans les peintures et les plastiques, utilisée également pour réduire le bruit dans les compartiments des moteurs des véhicules. Elle permet aussi de résister contre la corrosion des automobiles et des camions, elle est utilisée dans la céramique de verre et les applications médicales, mais aussi dans les hôpitaux, notamment les salles de radiologie.
A Sidi Semiane, l’Etat a consenti un gros effort en matière d’encouragement à l’habitat rural, mais le plus important, c’est l’amenée du gaz de ville dans cette commune aux 7 douars épars, érigée derrière de gigantesques montagnes inaccessibles. Les pouvoirs publics avaient investi plusieurs milliards de centimes pour rendre disponible le gaz de ville aux citoyens de cette commune rurale enclavée. L’investissement n’est pas rentable pour l’instant, en raison de l’incapacité des familles de douars à participer au montage financier, afin d’introduire le gaz de ville à leur domicile. Le marabout de Sidi Semiane constitue un formidable refuge pour les adeptes du tourisme de montagne. Le site est pourvu de plusieurs chambres vides, d’espaces inoccupés.
Malgré la chaleur à l’extérieur, il y a la fraîcheur à l’intérieur des chambres spacieuses. Sidi Semiane est une localité rurale, qui a cette chance d’abriter plusieurs artisanes qui produisent des merveilles avec leurs mains de fée et leur volonté, à l’aide de l’argile extraite à quelques encablures de leurs maisons rurales. Les artisanes aidées de leurs enfants arrivent à fabriquer des produits alimentaires grâce à la disponibilité des fruits et des herbes, sans recourir à l’utilisation de produits chimiques, tels que les huiles essentielles, l’huile d’olive et le miel. Un café, l’unique, est le seul lieu où se rencontrent les hommes de Sidi Semiane.
Un figuier, planté au milieu de la «terrasse» permet aux clients de s’installer et de contempler les lointains paysages paradisiaques montagneux de cette partie de la wilaya de Tipasa, à partir des hauteurs naturelles. Le ballet des petits fourgons de transport de voyageurs de marque chinoise est suivi par les jeunes des douars meurtris par l’oisiveté. L’unique bibliothèque, mitoyenne avec le siège de l’APC, est déjà fermée. Il est 16h15.
Point d’activités pour créer un autre environnement de détente (sport, culture, loisirs) au profit des jeunes de Sidi Semiane. Le président de l’APC de Sidi Semiane, «un élu», préfère passer son temps à Cherchell, Tipasa, enfin dans les localités côtières en ces journées de grande chaleur, pour échapper au calvaire de sa commune.
Durant la saison estivale, les responsables locaux de la wilaya côtière de Tipasa se bousculent pour partir en congé. En quittant Sidi Semiane, il y a de la verdure en ces jours de la saison estivale. Une infrastructure du secteur des sports, de surcroît clôturée est totalement abandonnée. En face de cette aire de jeu vide, il y a un projet de 50 logements sociaux qui demeure inachevé depuis des années. Les travaux sont à l’arrêt depuis des décennies. Un citoyen de Sidi Semiane nous interpelle.
«Dites aux responsables de la wilaya de nous affecter ces logements, nous allons les aménager et finir les travaux, mais allons les occuper, cela dure des années et rien n’a été fait pour ce projet construit au bord de la route (CW, ndlr), au pied de la cité urbaine de l’APC de Sidi Semiane», nous dit-il. Les petits fruits produits par les mûriers sont cueillis par des gamins. Ces derniers nous proposent les délicieux fruits pour empocher quelques sous. Un cortège de voitures passe.
Des youyous et des klaxons se dégagent des fenêtres des véhicules qui composent ce cortège nuptial. Il s’agit d’une fête de mariage qui aura lieu quelque part dans les djebels de Sidi Semiane. Il fait encore chaud. Les arbres donnent une couleur splendide aux collines de la commune rurale de Sidi Semiane. Le chant des cigales brise le silence dans ce monde où nous nous trouvons. Il faudra parcourir une route sinueuse de 16 km pour rejoindre l’intersection de la RN11.
C’est un point tout près de la mer, situé entre la centrale électrique de Hadjret Ennous et la localité côtière de Sidi Ghilès, ces 02 APC relèvent de la daïra de Cherchell. Absence de volonté et d’initiative des gestionnaires locaux, les habitants vulnérables de Sidi Semiane sont sollicités uniquement lors de la campagne électorale, ils vivent dans la misère, pourtant leur commune rurale est pourvue de potentialités énormes qui sont disponibles, mais malheureusement inexploitées, c’est l’image qui se dégage dans notre esprit à l’issue de ce détour à Sidi Semiane.
Les institutions de la République, la Gendarmerie nationale et la Sûreté nationale, n’ont pas jugé utile pour le moment de s’installer dans le territoire de cette commune, un territoire qui avait marqué de son empreinte son rôle de résistant durant la guerre de libération nationale et pendant la décennie du terrorisme. Il y a beaucoup de citoyens de Sidi Semiane qui avaient fui leur douar. La précarité, l’isolement et la pression du mal-vivre sont à l’origine de l’exode massif de cette commune pourvue de grandes richesses inexploitées.
Source: Elwatan le 24-08-2016