Le ministre de l’Habitat, de l’urbanisme et de la ville, Abdelmadjid Tebboune, a reproché lundi aux maîtres d’oeuvre algériens leur désintérêt pour les programmes publics de réalisation de logements, les invitant à moderniser leurs outils pour être en capacité d’accompagner ces programmes.
Les maîtres d’oeuvre nationaux sollicités pour la réalisation de 100.000 logements, n’ont répondu favorablement qu’à 22% de l’ensemble de ces projets, selon les données présentées par le ministère de l’Habitat lors d’une réunion qui a regroupé le ministre avec les représentants d’organisations patronales et les maîtres d’œuvre algériens inscrits sur la short-list.
La nouvelle short-list établie par le ministère en 2014 comprend 83 maîtres d’oeuvre dont le nombre global est passé à 106 après traitement des recours. Ces maîtres d’oeuvre ont manifesté leur intérêt pour la réalisation de projets, à raison de 400 à 2.000 logements par projet.
Cette liste intervient après celle élaborée en 2013, à laquelle sont inscrites des entreprises capables de réaliser de 2000 à 5000 logements.
Les promoteurs publics, tels les OPGI et l’agence AADL peuvent recourir à cette liste pour sélectionner une entreprise et conclure un marché de gré à gré, à même de faciliter les procédures de lancement des projets de logement.
La nouvelle short-list comprend 49 entreprises algériennes et 9 consortiums (algériens et étrangers).
Dans ce contexte, le ministre s’est interrogé sur « l’intérêt de solliciter les maîtres d’oeuvre inscrits sur la short-list si leurs réponses sont souvent défavorables ».
Sur 1.517 sollicitations faites aux maîtres d’oeuvre inscrits sur la short-list, le ministère de l’Habitat n’a pas reçu de suites favorables dans 80% des cas. 12 % ont émis un avis défavorable justifié par des investissements dans d’autres projets, contre 6% d’offres financières excessives, selon le ministère qui exige un prix allant de 42.000 à 54.000 DA le mètre carré.
Concernant les appels d’offres, le ministère de l’Habitat a enregistré 2.852 cas d’infructuosité entre 2013 et 2014, faisant état ainsi d’une faible affluence des entrepreneurs algériens sur ces projets.
Les représentants des maîtres d’oeuvre présents à la réunion ont expliqué cela par la hausse des coûts des projets, en raison de l’utilisation de techniques vieillies, ce qui implique l’investissement dans la modernisation des moyens et des outils de construction.
Les entrepreneurs se sont également plaints de la difficulté d’obtenir un crédit bancaire pour le financement des opérations de modernisation.
« Les maîtres d’oeuvre algériens manquent de courage pour investir à moyen et long termes, alors que la priorité leur est accordée », a estimé M. Tebboune.
Apres avoir réaffirmé la disponibilité du ministère à accompagner les entrepreneurs algériens et à régler toutes les entraves administratives, M. Tebboune a annoncé la préparation d’une réunion avec les représentants du patronat et du ministère des finances consacrée à l’examen des modalités qui permettront aux entreprises nationales de bénéficier de financements bancaires pour la modernisation des équipements et moyens de construction.
« Il est anormal que certains entrepreneurs algériens se plaignent d’exclusion et du recours aux entreprises étrangères pour la réalisation de programmes de réalisation de logements, alors que les résultats de la 2ème short list sont très décevants », a-t-il estimé.
S’adressant aux représentants des entrepreneurs algériens, le ministre a affirmé que « le programme quinquennal sera réalisé dans les délais prévus (…) et nous aurons toujours une préférence pour la main d’œuvre algérienne ».
« Nous souhaitons que vous vous consacriez aux investissements nécessaires en vue de hisser votre contribution et nous sommes prêts à vous accompagner et à vous soutenir », a-t-il dit.