Longtemps parent pauvre du secteur de l’habitat, le vieux bâti semble avoir enfin un meilleur avenir dès lors que la volonté politique de prendre en charge ce volet est manifeste à travers les autorités locales.
La problématique du vieux bâti se pose en fait depuis quelques décennies au vu de la vétusté des immeubles notamment de l’hyper centre de la capitale qui datent dans leur totalité de l’époque coloniale et pour la majorité du XIXe siècle. Le sujet a été revu, hier, lors de la rencontre organisée par la wilaya d’Alger en présence du premier responsable, Abdelkader Zoukh, du directeur général du logement au ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, Nacereddine Azem ainsi que des architectes experts algériens de l’École d’architecture (Épau) et espagnols et portugais représentant les entreprises en charge du traitement du vieux bâti.
La présentation en data show par Ouahid Temmar, directeur central au ministère de l’Habitat, explique la vision de cette opération consistant en l’intervention sur les tissus urbains anciens comprenant l’ouverture de nouvelles voies prévues par le plan urbanistique, le renouvellement et l’assainissement des réseaux AEP et énergie (électricité et gaz et enfin la démolition des immeubles). En somme, un travail colossal attend les intervenants afin d’améliorer les conditions de vie des citoyens et de sauvegarder par la même occasion un patrimoine architectural et urbanistique du péril. Mais tout cela ne saurait se réaliser sans l’expérience internationale. L’Atelier vieux bâti décrit son intervention en trois chapitres à savoir, dans une première phase, reconstituer l’historique des immeubles (Urbanis), assister les différentes opérations, coordonner les actions. Dans ce cadre, explique l’intervenant, il faut rappeler le volet formation des architectes (15 étudiants en deux ou trois groupes) et de la main-d’œuvre (30 techniciens en six groupes issus des centres de formation professionnelle) et le volet communication. Dans une deuxième phase, il s’agit d’une opération de réhabilitation et rénovation urbaine pour l’hypercentre de la capitale en attendant la mise en place du cadre juridique et de l’opération spécialisation. L’exposé des représentants de l’Épau qui ont charmé l’assistance par l’intelligence des suggestions en premier lieu le wali qui a sauté sur l’occasion pour proposer aux chercheurs de cette école de bonne réputation de prendre en charge une partie de la réhabilitation de la rue Ben-M’hidi. Une artère riche en architecture, comptant une population nombreuse, des problèmes de circulation, de stationnement, de collecte de déchets ménagers. Ses immeubles connaissent une forte dégradation. Le plan spécial prévoit, dans ce cas, le rafraîchissement du quartier en question, la mise en valeur de son aspect architectural, la requalification des espaces, la préservation de l’identité du quartier, œuvré avec les acteurs de ce quartier. Quant aux critères d’évaluation de l’état de l’édification, l’approche préconise les trois paramètres connus depuis l’époque romaine à savoir : Utilitas ou l’habitabilité, Firmitas ou solidité et Venustas ou valeur historique, artistique et architecturale.
La réhabilitation des immeubles du boulevard Colonel-Amirouche est confiée à l’entreprise espagnole, Teyco SL, représentée par Cezar Portela, architecte spécialiste en restauration et suivie par l’OPGI de Bir-Mourad-Raïs, alors que ceux situés dans le quartier de la Grande Poste sont pris en charge par l’entreprise algéro-portugaise Eusbios/KEGT. L’opération réhabilitation des immeubles de l’hyper centre de la capitale est estimée à 139 milliards de centimes et concerne dix boulevards sur une consistance de plus de 14 008 mètres linéaires. À noter que le wali d’Alger, accompagné de son exécutif et des représentants des entreprises engagées dans cette opération de réhabilitation, a effectué dans la matinée une visite à travers certains quartiers d’Alger comme Larbi-Ben-M’hidi, Colonel-Amirouche, Krim-Belkacem, Bourouba où il a eu des explications concernant la restauration des immeubles témoins de l’opération restauration. Relevant certaines imperfections, il a tenu à faire ses remarques aux responsables concernés pour les reprises nécessaires.
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