L’espoir de voir un jour leur rêve de logement se concrétiser s’est transformé en cauchemar…
La classe moyenne est-elle le parent pauvre du logement en Algérie? C’est du moins ce que ressent cette catégorie de travailleurs qui caressent encore le voeu d’avoir un toit. «On travaille toute notre vie, on paye beaucoup d’impôts pour rêver toute une vie d’un logement très cher et qui tarde à venir. Alors que d’autres qui n’ont jamais travaillé de leur vie, il leur suffit de barrer une route ou construire un bidonville pour avoir un logement.» C’est le cri de détresse lancé par bon nombre d’Algériens faisant partie de cette catégorie de la société.
L’espoir de voir un jour leur rêve de logement se concrétiser est revenu avec l’arrivée du gouvernement Sellal qui a pris en considération cette catégorie qui constitue une grande partie de notre société avec la relance de la très convoitée Aadl et le lancement du LPP, une formule dite de «haut-standing».
Appréhension, angoisse et inquiétude
Le Premier ministre qui faisait campagne pour la réélection du président de la République Abdelaziz Bouteflika avait même promis pour ce nouveau quinquennat une formule spéciale pour les jeunes célibataires. Mais la chute brusque des prix du baril de pétrole est passée par là! Exit, la formule «Sellal» pour les jeunes célibataires, dont il faut le dire, personne n’y avait cru vraiment.
Néanmoins, ces jeunes qui viennent de commencer leur vie professionnelle, étudiants ou en préparation d’une formation avaient l’espoir qu’un jour, ils pourront postuler pour un logement Aadl ou LPP, comme certains de leurs aînés qui ont eu cette chance. Mais ne voilà-t-il pas qu’on leur coupe tout espoir avec la sortie du ministre de l’Habitat Abdelmadjid Tebboune qui a écarté le lancement prochain de l’Aadl III. Le ministre vient de couper court aux espoirs des futurs postulants, voire de toute une génération. C’est comme si on leur disait qu’ils n’avaient plus rien à attendre de ce pays.
L’incertitude qui plane sur l’Aadl II n’est pas là pour arranger les choses. Les chantiers des logements de type location-vente ont enregistré des retards considérables. Le taux d’avancement de la majorité des projets dans le cadre du programme 2013 varie entre 5 et 35%, de l’aveu même du directeur général de l’habitat au sein du ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, M.Kamel Naceri. «La rigueur de l’hiver a retardé quelque peu l’avancement des programmes de logements locatifs. Le rythme a cependant récemment connu une amélioration, notamment sur les sites d’Alger», avait-il admis il y a quelques jours sur les ondes de la Radio nationale.
Même les souscripteurs 2001-2002, a qui on avait promis d’avoir très rapidement leurs logements sont encore dans l’expectative. Appréhension, angoisse et inquiétude, est l’état d’esprit dans lequel ils baignent. Surtout après le départ de celui qu’on annonçait comme le sauveur de «l’Aadl», Lyes Benidir qui a été remercié après avoir échoué dans sa mission. Le changement à la tête de l’ Aadl a donc eu l’effet d’un séisme qui a ébranlé des centaines de milliers de souscripteurs. «Vont-ils honorer leurs engagements?», «nos logements seront-ils livrés?», «les programmes annoncés par le ministre seront-ils réellement réalisés?», se sont interrogés, très inquiets, les citoyens qui craignent de voir leur espoir s’évaporer après des décennies d’attente.
Plus de 400 «LPPistes» se rassemblent à Bordj El Kiffan
C’est le spectre Lazhar Bounafaâ qui revient en surface. M.Bounafaâ qui a lancé le projet Aadl en impulsant une vraie dynamique dans l’avancement des chantiers et suscité un réel espoir au sein des populations. Mais l’espoir a vite laissé place à la déception. La classe moyenne a été privée de son droit le plus élémentaire pendant presque une décennie. S’achemine-t-on vers le même scénario?
Car, il faut dire aussi que même les programmes LPP qu’on annonçait sur la bonne voie piétinent. Le LPP, les trois petites lettres qui étaient celles de l’espoir pour des milliers d’Algériens, au final semblent être celles de la colère! Les premières images «volées» d’appartements dans certains chantiers selon cette formule, censés être de «haut standing», ont provoqué l’ire des souscripteurs. C’est même devenu un nouveau scandale national. Et pour cause, c’est loin du haut standing qu’on leur avait promis.
Déçus, se sentant arnaqués, les souscripteurs LPP se sont unis en collectif. Ils ont fait une véritable démonstration de force en organisant, vendredi dernier à Bordj El Kiffan, une rencontre qui a regroupé plus de 400 «LPPistes» venus de différentes wilayas du pays: Alger, Oran, Constantine, Laghouat, M’sila, Tissemsilt, Skikda, Béjaïa, Tizi Ouzou, Ouargla, Sidi Bel Abbès, Tipasa, Blida, Sétif… Hommes et femmes sont venus crier leur colère pour dire «non aux crédits avec intérêts, oui pour le bon rapport qualité/ prix». L’assistance composée majoritairement de cadres d’entreprises publiques et privées ou de commerçants était chauffée à bloc, refusant pour le moment de gagner la rue préférant se voir impliquée de manière constructive dans la réussite du LPP.
Toutefois, la mobilisation qu’a réussie à créer le collectif des souscripteurs au logement promotionnel public (Cslpp) laisse craindre le pire si le flou qui entoure ce programme persiste. La classe moyenne algérienne est donc «bla dar, bla douar».
Avec les prix de la location, seul moyen de se loger pour cette catégorie, qui ne cessent de flamber, notre élite est une bombe à retardement qu’il faudra désamorcer au plus vite…
L’expression Dz