Attendu depuis plus de 20 ans, le projet des 60 logements CNEP-APC de Naciria, à l’est de Boumerdès, est devenu un exemple en matière de dilapidation des fonds publics.
Au lieu d’abriter des familles en quête de logement, ce programme d’habitat accueille plutôt des délinquants, des jeunes en mal de vivre et autres «rejetés» par la société. La gabegie n’ayant plus de limite en Algérie, le chantier est livré à l’abandon, juste après le décès, au milieu des années 1990, du promoteur désigné pour sa réalisation.
Depuis, pas moins de cinq walis sont passés à la tête de la wilaya, mais aucun n’a réussi à débloquer la situation et reprendre les travaux, dont le taux d’avancement dépasse 70% dans 2 blocs sur les 4 que compte le chantier. Les appartements, presque achevés, sont devenus des refuges par excellence pour les consommateurs de stupéfiants. Des dizaines de jeunes et moins jeunes en ont fait leur endroit préféré, où ils s’adonnent à leur vice en toute quiétude, loin des regards de leurs proches et des services de sécurité. «Auparavant, il n’y avait personne qui rôdait dans les alentours. Cependant, depuis l’attribution des 200 logements sociaux d’à côté, l’endroit attire plus de monde, notamment les exclus de l’école et les chômeurs», relève un habitant.
Qu’attend-on pour achever ces appartements squelettiques qui ternissent le décor urbanistique et rendre la vie aux habitants des cités environnantes? Contacté, le premier vice-président d’APC affirme que plusieurs réunions avaient été tenues à la wilaya pour trouver une solution au problème.
En vain. «Le projet allait être confié à l’OPGI, mais ses responsables auraient refusé au motif qu’ils ont un important plan de charge. Il y a quelques mois, on s’est mis d’accord pour que l’APC reprenne les choses en main. On nous a dit que le projet sera cédé par adjudication à un promoteur privé. Néanmoins, rien ne s’est traduit dans les faits. L’APC n’a reçu aucun écrit pour entamer les procédures nécessaires», déplore-t-il. En somme, ce ne sont pas les engagements sans lendemain et les faux-fuyants qui manquent pour justifier les limites et les tares de l’administration locale.
Il est à noter que la wilaya compte trois autres projets similaires qui sont bloqués depuis plus de 15 ans : 30 logts à Sidi Daoud, 22 à Baghlia et 6 à Khemis El Khechna. Dans un pays où la gabegie est érigée en mode de gestion, l’espoir de voir ces logements habités par des familles devient très lointain.