Au-delà de la polémique sur les affectations et les sites, le respect des délais de livraison des logements publics pose un sérieux problème.
Le ministre de l’Habitat souffle le chaud et le froid. Abdelmadjid Tebboune a une nouvelle fois promis de livrer, avant 2016, les 85 000 logements de la formule location-vente dits AADL (Agence d’aide et de développement du logement). Le ministre, qui s’est exprimé hier sur les ondes de la Chaîne 3 de la Radio nationale, a donc repoussé l’échéance à la fin de l’année en cours après avoir promis la même opération pour le mois de mars dernier et, dans un deuxième temps, pour juillet prochain.
Abdelmadjid Tebboune a en effet a fait savoir que durant l’année 2016, l’ensemble des souscripteurs à la formule AADL des années 2001 et 2002 seront logés ou, dans le pire des cas, 90% d’entre eux le seront. Ils sont 85 000 citoyens, dont 54 000 à Alger, concernés par cette opération. Certains souscripteurs ne sont pas convaincus des affirmations du ministre. C’est le cas d’un groupe de citoyens, qui représente plus de 200 souscripteurs affectés au site de Bouinan, dans la wilaya de Blida. «L’avancée des travaux ne permettra jamais la livraison des logements avant 2017», indique Noureddine Aït Kaci, qui s’exprime au nom de ce groupe.
Plus que cela, ces souscripteurs, comme beaucoup d’autres d’ailleurs, ont protesté, hier, devant le ministère de l’Habitat, pour exprimer leur refus des sites auxquels ils sont affectés. «Nous habitons et travaillons à Alger. Du jour au lendemain, on se retrouve à Bouinan», disent-ils. «Nous ne croyons pas au logiciel dont parle le ministre, car si c’était le cas, nous ne serions pas affectés aussi loin», indique Youcef Zitouni, autre souscripteur concerné.
«On ne peut pas affecter tout le monde dans son quartier», a répliqué Abdelmadjid Tebboune à la radio. Au-delà de la polémique sur les affectations et les sites, le respect des délais de livraison des logements publics pose un sérieux problème. Les autorités n’arrivent toujours pas à donner une date précise quant à l’achèvement ou à la livraison des logements. L’exemple de l’AADL est valable également dans le cadre des Logements promotionnels publics (LPP) ; en dehors de quelques unités qui seront achevées dans les tout prochains mois, les autres sites ne seront pas livrés de sitôt.
Il suffit de faire un tour sur certains sites pour se rendre compte que quand des immeubles sont achevés, d’autres sortent de terre à proximité. Ce qui rend impossible la livraison des appartements terminés. Sur un autre plan, M. Tebboune se félicite de fait que de 3,5 millions en 1999, le déficit national en logements est passé à 350 000 cette année. Ce qui ne signifie pas que la crise est jugulée, puisque des centaines de familles continuent à souffrir le martyre dans plusieurs villes du pays.
Ali Boukhlef
Elwatan du 12.05.2016