Lors de la dernière attribution de logements sociaux dans la commune du Khroub, le chef de daïra anticipait sur toute éventuelle flambée sociale en organisant une conférence de presse au cours de laquelle il sollicitera du président d’APC
d’y assister. Le maire, en l’occurrence le Pr Aberkane, était de fait une caution morale avant terme quant à la régularité de l’opération. Mais ce qu’il aurait également mérité d’être souligné au cours de cette rencontre c’est la décision prise, annoncée et surtout assumée par le chef de daïra de «peser» sur l’attribution d’une dizaine de logements à une dizaine de jeunes qui n’en étaient plus et pour cause leur attente depuis plus de deux dizaines d’années pour bénéficier d’un droit pour lequel ils avaient postulé depuis plus de vingt ans. Bien entendu et sans que cela ne soit réellement établi, il semblait clair et logique que les milliers de demandeurs ne s’opposeraient pas à une telle démarche d’autant plus que le chef de daïra qui avait l’âge de ces bénéficiaires déclarait alors : «Personnellement je suis arrivé à une période de mon parcours professionnel qui me rapproche de mes droits à la retraite que je pourrais faire valoir à un moment où des personnes qui ont mon âge n’ont pas encore accédé à un logement.» C’est dire que le logement social, qui est l’une des solutions à laquelle il est le plus recouru par les demandeurs et pour cause la situation sociale de la majorité des Algériens, est crucial pour résorber une crise que l’optimisme béat du ministre de l’Habitat ne règlera pas seulement par de simples et multiples déclarations qui ne servent qu’à la consommation des gens qui n’en sont pas concernés. Nous en donnons pour argument, cet artifice qui consiste non plus à attribuer un logement disponible, voire en voie de réalisation, mais plutôt virtuel à travers la formule dite de «pré-affectation». Autrement dit, un logement qui n’existe même pas encore sur plan. D’ailleurs cette entourloupe très officielle prend une plus grande proportion dans le surréalisme dès l’instant où le bénéficiaire d’un logement dans un lieudit, voire un terrain vague que les services de la Dlep vont jusqu’à lui en indiquer l’emplacement. Ainsi nous sommes nous rendus à l’invitation d’attributaires futurs de la très anecdotique cité appelée «ancienne poudrière», laquelle sur le plan stabilité l’est potentiellement et surtout effectivement. Et, une fois sur place, dans l’une des UV (unité de voisinage) parmi tant d’autres, ces derniers du doigt, avec le plus grand sérieux si ce n’est avec la plus grande innocence ou même naïveté, nous ont indiqué un espace plane, rocailleux : «Voilà, c’est ici logiquement que nous habiterons dans les deux ou trois années à venir selon les fonctionnaires qui nous ont délivré la décision d’attribution (en réalité un bon de pré-affectation. Ndlr.» Il faut quand même souligner que cette attribution
massive qui ne concerne pas que les troglodytes de la cité «Ancienne
poudrière», a pour particularité d’être intervenue en même temps que le monde arabe entamait «son» printemps du même nom. À ce rythme et avec la philosophie qui a toujours accompagné les promesses d’attribution de logement et surtout le
respect des délais de livraison, autant dire que tous les bénéficiaires de cette formule d’accès au logement sont partis pour ne plus être jeunes dans les vingt années minimum qui les séparent de la matérialisation de l’avantage social pour lequel ils ont été élus, sachant évidemment que des programmes lancés depuis le début de l’année 2000 sont toujours en instance de finalisation. Dans ce cas de figure la démarche des pouvoirs publics peut sans doute être considérée comme honnête dans la mesure où ce serait faire preuve de procès d’intention aux services de l’État que de la démonter arbitrairement, sauf que l’expérience a de tout temps démenti ce type d’engagement pour ne pas dire de promesse…populiste. Comme l’administration est réputée ne pas faire preuve de continuité dans le service public, il n’est pas exclu qu’une autre politique décide d’une toute autre formule ou démarche, et dans la foulée faire en sorte que ces engagements, ces promesses se dissolvent dans l’air.
Source: La Tribune