Education, santé, logement, pouvoir d’achat, service public…
Les dernières semaines de l’année écoulée ont été particulièrement agitées sur le plan social, avec le retour des émeutes dans le pays.
La nouvelle année commence sur une note plutôt pessimiste. Aussi pessimiste que celle sur laquelle s’est terminée 2013. Les besoins socioéconomiques, de plus en plus pressants, restent majoritairement insatisfaits. Et rien n’indique que cette année sera meilleure, tant les retards cumulés dans divers secteurs et à tous les niveaux sont incommensurables. La colère est perceptible partout dans la société.
Des strates entières de population se trouvant depuis de longs mois, voire des années dans des situations intenables sont au bord de l’explosion. Les dernières semaines de l’année écoulée ont d’ailleurs été particulièrement agitées sur le plan social, avec le retour des émeutes dans le pays.
Des émeutes aux motifs aussi divers que les problèmes inextricables dans lesquels se trouvent des populations entières. Baromètre de la tension sociale, la capitale a été fortement secouée par cette nouvelle vague de mécontentement populaire qui n’augure rien de bon pour l’avenir. Cette colère relative notamment au logement et à d’autres besoins élémentaires de la société est loin de baisser. Les autorités du pays ont certes réussi à y faire face sans pour autant la faire disparaître. La raison principale de ce mécontentement n’est toujours pas traitée, à savoir la justice sociale. Une justice que le gouvernement promet depuis longtemps sans pouvoir l’instaurer concrètement sur le terrain. Des mouvements de grève et de protestation sont annoncés pour ce début d’année. Principal secteur qui risque de défrayer la chronique de ce mois de janvier : l’éducation nationale.
Les différents syndicats représentant les travailleurs de ce secteur ont déjà annoncé la couleur durant la dernière décade du mois de décembre, car mécontents des résultats de leurs discussions de dernière minute avec le ministre de l’Education, Abdelatif Baba Ahmed, qui se sont soldées par un échec. Les syndicats, à leur tête le Cnapest et l’Unpef, se disent ainsi déterminés à aller vers un mouvement de grève durant ce mois afin de maintenir la pression nécessaire sur le département de Baba Ahmed dans l’espoir d’accéder à leurs nombreuses revendications toujours insatisfaites. Le retour à la protestation est donc pour ces syndicats presque inévitable. Les élèves, qui reprendront dimanche prochain le chemin de l’école, risquent de voir leur agenda scolaire fortement perturbé avec un nouveau débrayage des enseignants.
Les choses ne sont pas meilleures dans le secteur de la santé. Outre les questions relatives aux statuts particuliers et à l’évolution salariale, les professionnels de la santé semblent déterminés à exprimer clairement leur mécontentement cette année, après une longue accalmie qui aura duré presque toute l’année 2013. Les corps communs issus des différents secteurs expriment leur grande déception quant aux promesses non tenues du gouvernement. La question de la prime de contagion n’est, entre autres, toujours pas réglée, et ce, malgré l’annonce faite par le Premier ministre quant à sa généralisation à tous les employés des corps communs. Ces travailleurs contestent également l’accord conclu entre le ministère de la Santé et le syndicat autonome. Leur autre exigence : l’intégration de plus de 24 000 employés contractuels. Pour ce faire, ils se disent «prêts» à tout.
Le cycle des grèves semble ainsi vouloir reprendre de plus belle dans les prochaines semaines. Autre bombe à retardement, les nombreuses promesses du gouvernement de satisfaire les centaines de milliers de demandes de logement dans des délais acceptables.
La relance en grande pompe de la formule location-vente a enregistré un engouement sans précédent, avec plus de 500 000 souscriptions acceptées par l’Agence nationale du développement et de l’amélioration du logement (AADL). Le ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme a déjà entamé un nouveau programme de 230 000 unités. Un programme qui s’avère en deçà de la forte demande notamment à Alger et dans les wilayas environnantes. Les nombreux souscripteurs sont ainsi très attentifs à l’évolution de leurs demandes.
Et sans le lancement d’un nouveau programme, il est quasi impossible de satisfaire tout le monde. Le gouvernement est également attendu sur le terrain de l’amélioration du service public. Allègement des dossiers administratifs, facilitation de la délivrance des documents d’état civil, la prorogation du délai de validité du passeport et de l’extrait de naissance n°12 sont autant de promesses qui attendent d’être concrétisées. A cela s’ajoute la problématique du pouvoir d’achat laminé par l’inflation galopante. Le front social reste ainsi en ébullition. C’est une année à haut risque qui commence…
Source : Elwatan du 2.1.2014