Le vieux monopole de l’Etat sur le logement locatif vit sa dernière époque. Selon le ministre de l’Habitat, Kamel Nasri, le projet de texte réglementaire relatif à une nouvelle formule de logement, en l’occurrence l’entrée du privé sur le marché du logement locatif public (LLP), «est en cours d’examen» après avoir fait l’objet d’une large concertation auprès des promoteurs immobiliers, lancée en août dernier par le Fonds de garantie et de caution mutuelle de la promotion immobilière via son site électronique. Dans sa conception, la nouvelle formule de logement, qui repose sur le principe d’octroi d’assiettes foncières aux promoteurs immobiliers pour la construction de projets de logements destinés à la location, en contrepartie de la consécration d’une partie de ces projets à la vente libre, n’est pas trop loin des incitations ou avantages accordés aux promoteurs immobiliers sur le plan de la réalisation des logement LSP ou LPA. Ces deux dernières formules de logement accordent aux promoteurs le bénéfice d’un abattement conséquent sur le prix de l’assiette foncière et la vente libre des locaux commerciaux situés en bas des immeubles réalisés, afin d’équilibrer l’investissement face à une vente des logements presque au même prix dédié aux logements sociaux. En tout cas, le ministre de l’Habitat assure que la nouvelle formule de logement devrait établir une assise juridique et promouvoir le marché de l’immobilier locatif à des prix raisonnables. Certainement qu’avec l’arrivée des promoteurs privés, l’Etat va se délester d’une lourde charge financière consentie à la réalisation des logements sociaux (plus de 4.300 milliards de dinars ont été consacrés à cette formule depuis l’année 2000, permettant le relogement de 1,76 million de citoyens), mais arrivera-t-on à réguler un marché gangrené depuis toujours par l’informel ? De toute évidence, le projet de texte réglementaire relatif à cette nouvelle formule de logement, la mise en location des logements par les promoteurs privés, devrait jouer un rôle d’entraînement vers la structuration du marché, atténuer la pression de la demande qui passe présentement dans sa majorité par le circuit informel et établir une conformité par rapport aux ratios réglementaires en matière de proportions des prix de location en rapport avec les salaires, soit un loyer qui ne doit pas dépasser plus du tiers du salaire du locataire. Est-ce à dire également que l’Etat va se désengager de la construction des logements locatifs ? Il y aurait probablement une réorientation dans ce domaine, un désengagement proportionnel qui reste donc à évaluer.
Les autorités se sont toujours défendues sur ce plan, en affirmant que l’Etat n’abandonnera pas le « logement social », mais les chantiers afférents n’iront pas à la même cadence connue jusque-là. Le logement social fera partie des projets de l’Etat, mais le nombre ne sera plus aussi considérable qu’il l’a été ces dernières années. En sus, le logement social devrait répondre à sa vocation principale et ne serait attribué qu’au profit des couches les plus défavorisées. Cela conduirait en toute logique à une réduction considérable de la frange des postulants, notamment à travers la révision du seuil d’accès au logement social (fixé à 24.000 dinars), envisageable après l’avènement du nouveau marché locatif privé, a noté le ministre de l’Habitat.
Le quotidien d’oran du 26.9.2020