«En consultant certaines attributions d’assiettes foncières faites en 2018 par l’actuel wali, j’ai eu à constater l’absence de tout projet d’envergure pouvant apporter un plus à cette wilaya.
Je ne comprends pas qu’on puisse offrir une assiette de 3500 mètres carrés à Béni Béchir pour y élever une station-service ! Je ne comprends pas non plus qu’on offre encore des terrains à fort potentiel industriel pour y construire une salle des fêtes, et des terres agricoles en exploitation pour y élever des aires de stockage !», prélude Salah Zouiten, député du parti El Adala, dans un entretien accordé à El Watan.
Les révélations faites ici ont déjà fait le buzz sur les réseaux sociaux. Elles ont aussi fait l’objet d’une correspondance adressée le 2 juin dernier par M. Zouiten au président de l’Organe national de prévention et de lutte contre la corruption (ONPLCC) et à d’autres institutions en relation avec le sujet. Quelques jours après, des décisions d’annulation de plusieurs attributions furent signées par le wali.
Au sujet de ces attributions M. Zouiten évoque surtout le cas des terres agricoles de l’ex-ferme Bellizidia, située à l’entrée de la ville. «Ce sont des terres relevant de l’Urban, dont une partie a été attribuée pour la réalisation de 1400 logements AADL, et l’autre a été partagée entre cinq promoteurs. L’AADL s’est finalement désistée suite aux résultats négatifs des analyses du sol, quant aux 18,28 ha attribués aux investisseurs, ils devaient servir à abriter un parc d’attractions de 11,7 ha, une salle des fêtes et une aire de jeux de 1,3 ha, une base logistique de 1,7 ha et un showroom de 1,36 ha.
Ces attributions, faites en 2018, n’ont été annulées qu’au mois de juin dernier». Voici le motif d’annulation évoqué pour certaines attributions : «Présence de quelques arbres sur une grande partie de la parcelle», comme le note le wali dans le document officiel de ladite annulation. «Pourquoi n’avait-on pas alors pris en considération ces arbres lors de l’attribution faite une année auparavant ?», s’interroge le député.
D’après ce dernier, ce ne serait pas l’unique terre agricole à avoir été concédée. «Le 17 octobre 2018, pas moins de 8,3 ha agricoles ont été attribués au niveau de la zone de HamroucheHammoudi pour l’implantation d’une aire de stockage d’hydrocarbures au profit d’un privé avant que l’attribution soit annulée», soutient le député. Là aussi, le motif évoqué une année plus tard pour son annulation est pour le moins étrange. Le voici : «Terres agricoles exploitées de façon régulière». Pourquoi les a-t-on alors attribuées en 2018 ?
MÊMES LES BIENS COMMUNAUX
M. Zouiten s’est aussi offusqué de l’attribution le 5 mai 2018 d’un terrain de quatre hectares relevant des biens communaux et comprenant un hangar au profit d’un promoteur «alors qu’il n’existe aucune loi qui permettrait d’allouer des biens communaux dans le cadre de l’investissement privé».
Cette attribution n’a été annulée que le 27 juin 2019 en précisant que «c’est suite à la correspondance de l’APC qui désirait récupérer son bien».
M. Zouiten cite d’autres d’exemples d’attributions comme le terrain de 1 ha attribué au niveau de la cité du Mamelon et annulé, lui aussi le 9 Avril dernier. «Même le petit jardin de la Maison Mesquine, au centre-ville de Skikda a été donné pour l’implantation d’un hôtel avant qu’on décide le 02 Avril dernier de l’annuler».
Le député juge à ce sujet que le motif invoqué pour l’annulation de l’attribution est pour le moins bizarre. «Le document officiel de ladite annulation mentionne ceci : Il a été constaté la présence sur ce terrain d’arbres et d’escaliers, comme si ces arbres n’existaient pas lors de son attribution, quelques semaines auparavant», précise le député en citant d’autres attribution de terrains urbains à Béni-Malek, Bekkouche Lakhdar, Ben Mhidi, au quartier Napolitain de Skikda…et la liste est longue encore, selon ses dires.
A relever que les attributions de terrains d’investissement cités restent le sujet le plus débattu et le plus dénoncé par la vox-populi. D’ailleurs le slogan fétiche des Skikdis lors des vendredis du Hirak reste «Wilaya fasda, baâoulebled», «Une wilaya corrompue, on l’a vendu».
Source : Elwatan du 13.08.2019