Le gouvernement ne cache pas qu’il compte utiliser le logement comme argument de campagne pour faire adhérer la population à l’option d’un cinquième mandat du chef de l’État. Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a affirmé que la distribution récente de 50 000 logements entre dans cette démarche. En ce sens, l’Exécutif a priorisé le logement dans sa politique d’investissement public. Outre le déblocage des financements budgétaires conséquents prévus par la loi de finances 2018, d’une enveloppe de 90 milliards de dinars dégagée en avril dernier pour la viabilisation des sites dont la construction est en voie d’achèvement, le ministère de l’Habitat a récemment mis en place un mécanisme dans lequel la Caisse nationale du logement (CNL) intervient financièrement pour régler des entreprises dont les situations de travaux n’ont pas été payées et qui, sans cette intervention, auraient décidé d’arrêter les travaux de réalisation de logements en construction. L’objectif est d’empêcher que les centaines de milliers de logements qui doivent être distribués d’ici à avril 2019 ne connaîtront pas de retard dans leur distribution. Ce mécanisme n’existe pas dans le secteur des travaux publics. En dépit du recours à la planche à billets, plusieurs entreprises de la branche se plaignent toujours du non-paiement des situations de travaux, d’où les retards dans les travaux de réalisation d’infrastructures. Il faut savoir que le gouvernement projette de livrer 700 000 logements en 2018 et 2019 dont 300 000 logements en 2018 (dont 80 000 logements AADL). Il s’attelle à livrer
185 000 logements achevés et non distribués faute de viabilisation. Compte tenu de la durée de ces travaux qui ne devraient pas dépasser neuf mois, on peut s’attendre à ce que ces logements soient distribués d’ici à avril 2019. Ce sont, donc, en principe, près de 500 000 logements, au moins, à distribuer d’ici à la présidentielle. La Caisse nationale du logement jouera ainsi un rôle essentiel qui pourrait être déterminant quant au respect de cette promesse dont on soupçonne les liens avec la présidentielle. Tout est planifié, bien à l’avance, pour que ces logements soient prêts avant cette échéance. Le citoyen concerné peut donc s’attendre à la succession de cérémonies de distribution d’ici à cette échéance. Le programme AADL1, avec ces livraisons, pourrait être clôturé. Ce qui veut dire que, quasiment, tous les postulants éligibles à ce programme auront bénéficié de leur logement avant l’échéance précitée. Cette course aux livraisons aura certainement un coût en matière de qualité des ouvrages. L’heureux événement que le pouvoir compte utiliser politiquement pourra être gâché par les malfaçons ou par les distributions injustes de logements. Il faut savoir que, périodiquement, de plus en plus, les citoyens se plaignent de la qualité des logements livrés. Ce qui renvoie au mauvais choix des entreprises de réalisation. Il est anormal que des entreprises qui ont déjà failli au cours des années 2000 soient encore retenues dans les programmes en cours de réalisation de logements sociaux ou AADL ?
Source : https://www.liberte-algerie.com/actualite/le-logement-comme-argument-de-campagne-295888