Une fois n’est pas coutume, l’APW de Khenchela semble se réveiller et feint découvrir la gestion opaque qui a prévalu ces dernières années dans la distribution des logements sociaux, notamment pour les familles des quartiers d’habitat précaire ayant fait l’objet de démolition.
La semaine dernière, lors de l’ultime session de l’APW avant les prochaines échéances électorales de 2017, sortant d’un sommeil profond, quelques élus ont osé braver l’omerta sur ce énième scandale autour du logement social : ils ne demandent pas moins que la mise en place d’une commission d’enquête sur les graves dépassements et le «business» qui ont éclaboussé cette opération de distribution de centaines de logements en 2014. Pour les citoyens de Khenchela, le favoritisme, le copinage, le clientélisme et les passe-droits dans cette affaire étaient connus de tous. Un secret de polichinelle qui a marqué l’opinion publique.
Pour rappel, dans ces mêmes colonnes, nous avions déjà évoqué les nombreux détournements de logements sociaux au profit d’indus bénéficiaires, lors des programmes de démolition des cités en ruine suivantes : De Gaulle, Maréto, Aïn El Kerma et Boudiaf. Toujours lors de cette session de l’APW, les accusations proférées par certains élus ont été appuyées par celles du directeur de wilaya de l’OPGI, qui se fera plus précis en déclarant que ses «services ont découvert que des personnes ont bénéficié de plusieurs logements et même jusqu’à une dizaine de logements»… Ces très graves déclarations d’un haut fonctionnaire en charge du logement ont servi de prétexte aux élus de l’APW pour demander une enquête.
A l’époque des faits, la police urbaine avait recensé 262 habitations précaires devant faire l’objet de démolition et dont les occupants devaient être relogés au titre du social dans des immeubles neufs, ce qui fut fait, mais au prix d’un détournement massif ! Les autorités concernées par cette affaire scabreuse en profitèrent pour «réserver» plus de 1000 logements à cette opération, alors que 262 suffisaient, le différentiel – plus de 700 logements — allant aux nombreux copains et coquins, à des élus, à des baltaguias aux ordres, à des fonctionnaires indélicats et à de hauts fonctionnaires à corrompre et à neutraliser, parfois aussi à des mineurs et à beaucoup de célibataires au détriment de familles nombreuses, le tout avec des dossiers souvent falsifiés et bien entendu avec le consentement et la complicité de cadres parmi les autorités de wilaya en place en 2012.
Les élus de l’APW ayant intervenu pour demander l’ouverture d’une enquête ont feint l’étonnement que dans cette opération de relogement, les autorités concernées aient sciemment contourné l’accès au fichier national des citoyens ayant déjà bénéficié de logements ou de lots de terrain. Pour nombre de Khenchelis interrogés par El Watan, la démarche de ces élus de l’APW, après une léthargie de plusieurs années, «ne vise qu’à se refaire une virginité dans la perspective des élections de 2017, leur objectif étant d’accaparer un nouveau mandat». Si les mêmes citoyens ne se font pas d’illusion quant à la volonté de la justice à s’autosaisir face aux très graves accusations du directeur de wilaya de l’OPGI, qui plus est lors d’une réunion officielle et publique d’une assemblée élue, dont les travaux font l’objet d’un enregistrement en bonne et due forme. Ils espèrent que le ministère de tutelle de l’OPGI et les nouvelles autorités de la wilaya de Khenchela donnent une suite favorable à cette demande de commission d’enquête.
Source: Elwatan le 16-10-2016