Les responsables en charge de la politique de l’habitat s’inquiètent de la qualité des logements en cours de construction à travers le territoire national. Ils viennent d’adresser des recommandations et des avertissements voulus fermes pour que les entreprises de construction s’appliquent sérieusement à respecter la conformité des réalisations selon les normes universelles.
Ce que l’on occulte dans cette démarche, pas du tout nouvelle, est que l’habitat ne peut se suffire d’une mise au pas, aussi insistante qu’elle soit, de remontrances administratives. Habiter n’est pas se loger. La différence des sens renvoie à la mise à nu de la politique de l’habitat actuelle qui donne l’impression que devant la pression et l’urgence, on s’est contenté d’ensacher des populations entières pourvu qu’elles aient un abri et un toit. On s’est bien sûr gargarisé non sans une fierté ridicule, comme dans d’autres domaines, des totaux des réalisations sans que l’on se rende compte que l’érection des cités nouvelles n’a été que la concentration forcée de tares sociales et la mise en place d’un terreau pour semer les méfaits des plus dramatiques. Sous l’impulsion de certains walis, des efforts ont été faits pour que des commodités d’accompagnement essentielles soient construites, mais elles s’avèrent insuffisantes pour fixer un logiciel culturel et social capable d’offrir un espace de partage et de vie conforme à la modernité.
A l’heure où partout dans le monde les cités-dortoirs sont bannies, la culture algérienne s’obstine à rester figée dans des préconçus rituels favorisant les maux et les incartades avec un esprit de suffisance inquiétant. Tout y est, du bardage des fenêtres à l’emporte-pièce aux faits et gestes des plus malsains. Le brassage des inconséquences y est inouï jusqu’à aller offrir aux faux promoteurs immobiliers de s’investir et de trôner en véritables sangsues.
L’énormité et la délicatesse du sujet avaient besoin de bien plus qu’un œil jeté sur le comment installer un robinet. L’immobilier et l’habitat ne sont pas des palliatifs pour calmer les esprits quitte à les offrir à tous les vents. Ils sont une des bases principales et les racines pour la construction et le développement positif de la société.
La fourmilière actuelle a besoin d’un fort coup de pied. Sinon au lieu d’inefficaces recommandations viendra un temps où celle de tout raser sera imposée.
Lequotidien d’oran du 10.06.2020