Après l’allocution d’ouverture du 1er ministre, c’est le ministre des Finances qui donnera le la de la conjoncture économique nationale. Il reprendra les indicateurs macroéconomiques de 2013 pour en démontrer la «bonne santé». Des indicateurs stabilisés grâce aux hydrocarbures, des réserves de change consolidées puisqu’elles ont été en 2013 à 194 milliards de dollars contre 190 en 2012. Une dette publique externe à 374 millions de dollars «qu’on peut payer tout de suite», dit Sellal, un taux de chômage de 9,8%, en baisse depuis 2000, une croissance du financement de l’économie en vue des 20% d’évolution des crédits à l’investissement. Le 1er ministre affirme alors que «nous continuerons sur cette politique (financement de l’investissement par la dépense publique), c’est une tendance qui n’a pas induit des effets pervers». Il en veut pour preuve, «une inflation à 3,26% et de bonnes réserves de change, en plus d’une relative stabilité du taux de change du dinar». Il assure que «l’Etat continuera de faire de la dépense publique un axe important pour améliorer les infrastructures de base du pays, la vision est claire. Il promet qu’«à la fin mai, début avril, on mettra en place la 4G pour le fixe et en 2015, elle sera élargie au mobile, c’est donc une évolution, on continuera en évitant les chocs». Il rappelle que «l’Algérie est un Etat démocratique et social». Il rassure, le pétrole et le gaz, «on en a encore, on a eu de nouvelles découvertes, encore faut-il qu’on soit pessimistes dans les analyses mais dans l’action, il ne faut pas l’être». Djoudi fait savoir que le Fonds national d’investissement est doté d’un capital social de 150 milliards de DA, ceci sans compter les revenus accordés par l’Etat par le biais du Trésor public, ainsi que les emprunts institutionnels et les emprunts obligataires.
UN FONDS D’INVESTISSEMENT POUR LE PUBLIC ET LE PRIVE
Le FNI est autorisé, selon lui, à prendre des participations dans les entreprises à hauteur de 34%. «On doit parler d’entreprise nationale et plus faire de séparation entre publique et privée», dit Sellal. Il demande à ce que le FNI évite «impérativement à entrer dans la bureaucratie financière». Après Djoudi, c’est Benyounès qui exposera l’industrie. Il expliquera cependant le nouveau pacte de croissance. «Le plus important, c’est le suivi, quitte à aller devant le notaire pour le faire signer, et s’il faut faire le bilan deux fois par an, on le fait», dit Sellal.
Le ministre de l’Habitat fait savoir, pour sa part, que «la réglementation des marchés publics devra être revue en profondeur pour qu’elle soit allégée y compris les indices des prix». Il annoncera en outre la révision des textes régissant l’acquisition du foncier. Il recommande des mesures de défiscalisation de certaines charges, la création d’une commission d’arbitrage pour régler les contentieux au niveau wilaya et une autre nationale pour régler ce qui ne l’a pas été au niveau local, ceci pour ce qui est du retard dans les paiements des entreprises, ouverture d’une short list d’entreprises capables de réaliser 400 logements aux côtés de celles grandes capables de réaliser 2.000 logements, une classification des bureaux d’études Sellal annoncera, lui, la classification des entreprises créées par les jeunes avec l’aide de l’ANSEJ. «Un classement d’office avec un bonus dès le départ», dit-il. Il avoue que «nous avons des problèmes dans l’Habitat, pas assez d’entrepreneurs pour réaliser tout le programme, on a un déficit de 67.000 logements». Le ministre du Commerce évoquera «les 29 mesures en faveur de la promotion et de la protection de la production nationale, en plus d’une centaine d’actions en vue d’une refonte des statuts, élargissement des prérogatives, une législation hors hydrocarbures et le crédit à la consommation qui est acquis». Crédit qui est «exclusif aux produits nationaux sur la base de la confection d’une nomenclature à cet effet». Il annonce la tenue prochaine des assises des exportations hors hydrocarbures en vue d’élaborer une stratégie nationale de leur développement.
«C’EST DE L’INCESTE INTELLECTUEL»
Sellal dira à propos de la dépénalisation de l’acte de gestion qu’il faut «mettre un terme à la politique de la méfiance pour la remplacer par celle de la confiance, à condition de bien surveiller les deniers de l’Etat». Sidi Saïd, une fois qu’il a eu la parole, a fait un plaidoyer pour justifier les prises de position «conciliantes et complaisantes» de l’UGTA. Il ne veut pas faire de grève «parce qu’il ne veut pas détruire mais construire, au nom du patriotisme et du nationalisme et pour renforcer le processus de stabilisation sociale et civile du pays». Tout un programme électoraliste. Il en appelle alors au sens de «la responsabilité morale».
Le 1er ministre dira à l’attention de certains patrons privés qu’«il ne faut pas être pessimiste à propos des hydrocarbures, on a reculé, certes, en matière d’exportation, l’année prochaine, on reculera encore parce que nos champs pétroliers sont arrivés à terme, mais entre-temps, nous avons fait beaucoup de découvertes conventionnelles, il faut qu’on prenne le temps de les exploiter». Il promet que «toute la prudence qu’il faut est prise mais nous restons offensifs en matière de développement économique, nous connaissons nos moyens, nous avons même évalué nos dépenses sur la base d’un baril à 50 dollars». Aux boulangers qui lui ont demandé l’effacement de leurs dettes, il a répondu : «C’est très difficile». Il dira en outre, à propos de la suppression de la taxe de l’activité professionnelle (TAP) tel que demandé par les patrons privés qu’«on pourra en discuter». Il fera marche arrière sur l’informel en soutenant qu’il est créateur d’emplois et de richesse. «Le gros des personnes qui y travaillent sont déclarées, ce sont les richesses acquises qui nous échappent», avoue-t-il. Une amnistie fiscale ? Sellal n’est pas contre mais estime que «c’est difficile, il y a des solutions, on réfléchit sur une méthode en douanes pour marquer la traçabilité des marchandises, leur qualité et leur quantité».
Le 1er ministre reprochera aux universités de s’enfermer sur elles-mêmes et de ne pas s’ouvrir à l’économie. «C’est de l’inceste intellectuel», dira-t-il, convaincu de son nouveau concept. «C’est une instruction, il faut qu’elle le fasse !», ajoute-t-il