Le problème du vieux bâti ou celui des haouchs, au chef-lieu de Bouira, ne sont toujours pas résolus.
Des dizaines d’habitations héritées de l’époque coloniale menacent ruine. Celles qui se sont effondrées laissent un décor hideux en plein périmètre urbain.
Les logements sur les bords de la route ont été transformés en locaux commerciaux ne répondant à aucune norme. Les lieux, insalubres, sont infestés par les rats, et il y a absence de toutes les commodités vitales. A préciser que ces haouchs sont la propriété de quelques familles, qui ont loué les logements à des prix symboliques.
Dans les entrailles de ces hameaux de misère, des familles, dont des personnes âgées, habitent encore dans des conditions très difficiles, comme Sadia Bouchen, une vieille dame, qui dit avoir franchi les 86 ans, mais sur sa carte nationale d’identité, il est mentionné qu’elle est née en 1918, donc une centenaire. Assise devant la porte de son gourbi pour profiter des rayons du soleil hivernal, elle raconte ce qu’elle endure quotidiennement. Son dossier de demande de logement remonte à l’année 1992, mais est resté sans suite malgré les nombreuses promesses des responsables locaux.
Sa masure n’est qu’une seule chambre très restreinte, où tout est entassé et un couloir d’environ 2 m de long. Faute d’espace, les toilettes ont été transformées en cuisine. Sadia partage les lieux avec son fils malade, âgé de 64 ans, et avec l’une de ses filles. «Voilà où nous dormons. Chaque nuit, j’entends des rats se faufiler. Il y a ceux qui meurent et je ne les découvre qu’en sentant leur odeur nauséabonde. Voilà ma misérable vie. Si la loi m’interdit d’avoir un logement décent, je le demande par pitié.
C’est injuste ce que j’endure à mon âge», répète-t-elle à chaque fois, en cachant ses larmes derrière ses lunettes. Tourkia, la voisine de Sadia, endure elle aussi la même misère.
Elle, qui est âgée de 84 ans, a passé 54 ans de sa vie dans le haouch avec son petit-fils marié. «J’ai déposé des dizaines de dossiers, mais aucun n’a abouti, alors que des familles venues d’ailleurs ont bénéficié de logements. Ici, il n’y a aucune commodité. Nous cuisinons toujours avec la bonbonne de gaz. C’est une drôle de vie !», regrette-t-elle. Abdelghani, un quinquagénaire né dans le haouch, aspire aussi à une vie meilleure. «Mon dossier traîne depuis 7 ans. Celui de mon père remonte à 1972. Il reste encore 7 familles qui attendent le relogement.
A l’époque de l’ex-wali, le problème de tous les haouchs allait être résolu. Malheureusement, les différends persistent toujours entre les propriétaires des haouchs qui ne veulent pas de démolition sans contrepartie et les pouvoirs publics, qui veulent éradiquer le
vieux bâti», déplore notre interlocuteur. Toutes nos tentatives pour joindre les responsables de l’APC de Bouira sont restées vaines.
Source: elwatan