En dents de scie depuis 2008, la courbe des livraisons de logements sociaux-locatifs (LSL) à Oran a enregistré dès 2015 une ascension exponentielle. Au biennal 2015-2016, la wilaya aura réalisé 21.647 unités, soit 164% du cumul global du septennat précédent 2008-2014 (13.166 logements). Bref, c’est comme si Oran s’est révolté en matière de LPL. Une révolution dont le secret est à chercher dans, entre autres, le changement opéré à la tête de l’OPGI sur recommandation de Zâalane Abdelghani.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que le dispositif de réalisation de logements publics locatifs à la wilaya d’Oran a été ces deux dernières années à la hauteur du programme quantitatif dont elle était dotée et des objectifs qui lui avaient été assignés dans ce segment extrêmement important. Après une longue période où la capitale de l’Ouest, ville où l’on pouvait parler de crise aiguë de logement sans risque d’être accusé de verser dans l’alarmisme, produisait des LSL autant, sinon moins, qu’une wilaya des Hauts-Plateaux, l’année 2015 marquera un déclic sans précédent et réhabilitera la 2ème ville d’Algérie qui, dès lors non seulement aura les moyens de sa politique en matière de logement, mais bien plus, aura réalisé des résultats à la hauteur des attentes et allant au-delà même des objectifs. Qu’on en juge par cette brève rétrospective sur l’évolution des réceptions des LPL pendant les huit dernières années : en 2008 il a été réceptionné 2.574 logements, en 2009 un total de 1.882 unités, en 2010 un total de 736 unités (le niveau le plus bas), en 2011 un total de 2.004 unités, en 2012 un total de 1.588 unités, en 2013 un total de 2.554 unités, en 2014 un total de 1.828 unités, avant que ne survienne cet impressionnant et non moins inespéré bond en 2015 où la production LPL a été pratiquement portée au décuple donnant lieu à un quota livré de 9.647 logements, avec effet de confirmation durant l’année d’après, 2016, où le quota prévisionnel porté sur l’échéancier des livraisons est de 12.000 unités à réceptionner avant le 31 décembre 2016. Doté d’un programme global de 57.600 logements LPL, la wilaya d’Oran a enregistré le 1er janvier 2016 un programme en cours de réalisation portant sur 34.927 logements, soit les deux tiers. Sur ce programme déjà mis en chantier, un quota total de 6.349 unités a été déjà livré au 1er août 2016, c’est-à-dire pratiquement durant le 1er semestre de l’année en cours. Un chiffre qui sera porté au double en fin d’année, soit un peu plus de 12.000 logements qui seront réceptionnés. Durant cet exercice 2016, la wilaya aura donc à son compte, en termes de logements sociaux livrés, l’équivalent de deux exercices, 2014 et 2015, biennal lors duquel un global de 11.475 logements a été réceptionné.
Directives du ministère pour le LSL : l’OPGI d’Oran en «bon élève»
Il faut rappeler que lors de la réunion d’évaluation du bilan annuel 2015, tenue en début d’année en cours au ministère de l’Habitat, de l’Urbanisme et de la Ville, les directives phares de la tutelle données aux directeurs des Offices de promotion et de gestion immobilières (OPGI), tenaient ceux-ci par une obligation de résultat consistant à livrer la globalité du programme qui était en cours au 31 décembre 2013 avant la fin de l’exercice 2016 et à livrer la globalité du programme en cours au 1er janvier 2016 avant le 31 décembre 2017. Sur la base de cette feuille de route, l’OPGI a mis en place un programme de 17.900 logements à livrer durant l’exercice 2016, lequel objectif représente plutôt un défi pour cet organisme gestionnaire qui a, à lui seul, à chapeauter tout le territoire de la métropole d’Oran, dans son étendue géographique, sa consistance démographique et sa complexité au plan administratif, technique, urbanistique, etc., et ce contrairement à la wilaya d’Alger qui, elle, dispose de trois offices, ceux de Bir Mourad Rais, de Dar El-Beida et de Hussein Dey. Le programme mis au point par l’OPGI d’Oran prévoit également la livraison avant le 31 décembre 2017 d’un total de 22.927 logements (déjà lancés), c’est-à-dire ce qui restera du programme en cours de 34.927 après la réception de 12.000 unités avant fin 2016. Ce dernier quota est réparti sur notamment deux grands sites de concentration, à savoir le pôle urbain d’Oued Tlélat où 11.000 logements LPL ont été déjà livrés par l’OPGI, dont 532 déjà attribués, le reste (6.000 unités) étant en cours de viabilisation, et le pôle urbain de Belgaïd, où 7.100 logements LSL ont été déjà livrés par l’OPGI, dont 2.700 unités déjà attribuées et le reste, 4.400 logements, en stade avancé de viabilisation, à attribuer à leurs bénéficiaires au cours du 1er trimestre 2017.
Le cas Shapoorji Pallonji
S’il y a plusieurs facteurs convergents qui expliquent cette nouvelle dynamique insufflée à l’appareil de production des LSL et ce passage à la vitesse supérieure dans le processus de réalisation, l’une des «astuces» pour ainsi dire de ce déclic, le cas du constructeur indien Shapoorji Pallonj international. De tous les programmes LPL d’une consistance de 15.000 unités, c’est celui qui a connu plus de tâtonnements par le passé. Un des facteurs majeurs ayant été à l’origine du démarrage en côte raté de Shapoorji à Oran est le fait que son programme de 5.200 logements est éparpillé sur 12 sites, contrairement aux opérateurs chinois CRCEG et ZIEC et au Turc ASLAN, par exemple, dont les projets sont condensés dans l’espace, un site d’un seul tenant parfois. Ajouté à cela la vocation de Shapoorji qui est plutôt spécialisé en équipement et non en BTP. Du coup, les Indiens ont eu toutes les peines du monde à installer leurs chantiers disséminés çà et là, encore plus à leur imprégner le rythme qu’il faut. Sachant pertinemment qu’un mauvais arrangement (si tant est qu’on puisse qualifier de mauvais l’accord conclu entre les autorités locales et l’entreprise indienne) vaut mieux qu’un bon procès, les pouvoirs publics locaux, sous l’actuel wali M. Zâalane, ont prêté l’oreille aux doléances, somme toute objectives, des responsables de Shapoorji. Entre autres mesures d’accompagnement, des avances financières leur ont été consenties pour leur permettre d’installer et de mettre en branle leurs chantiers avec bases de vie. Les difficultés liées au visa d’entrée et le permis de travail en Algérie ont été aplanies et, en un petit laps de temps, l’effectif déployé sur les douze chantiers de Shapoorji -dont la main-d’œuvre est importée à 100%- à d’Oran est passé de 200 à plus de 800. Après quoi, les Indiens ont montré de quoi ils étaient capables. Ainsi, tout le programme Shapoorji, qui était pratiquement à l’arrêt, a été lancé dans sa totalité et est à un taux d’avancement général de 70%, et dont les premières livraisons sont déjà effectuées, à l’instar des 100 logements de Toumiat (daïra d’Oued Tlélat) et des 200 logements de Hassi Mefssoukh (daïra de Gdyel).
Priorité pour Les Planteurs
A chaque conjoncture ses priorités. Pour le cycle à venir, conformément aux instructions des pouvoirs publics, l’OPGI a mis le cap sur Les Planteurs, en priorisant le programme RHP dédié à ce quartier et en mettant toutes voiles dehors pour parachever les logements qui lui sont affectés. Sur près de 4.500 familles recensées dans le cadre des opérations de résorption de l’habitat précaire dont on annonce le relogement avant la fin de l’année en cours, il est question de 2.500 familles localisées aux Planteurs qui sont détentrices de pré-affectations. En effet, annonçant que 2.500 familles de ce quartier seront relogées le mois d’octobre prochain, le directeur de l’OPGI, Saber Mohamed, fait savoir que les logements qui leur sont réservés au pôle urbain d’Oued Tlélat ont été achevés et les travaux de VRD sont en voie de finalisation. Il s’agit d’un deuxième quota réservé aux habitants de ce site. Une première opération de relogement de 500 familles de ce quartier a été effectuée le mois d’octobre 2014. Ces familles qui occupaient des maisons précaires dans les sites dits «Terrain Si Ali» et «Recasement» ont été relogées dans la commune de Hassi Bounif.
Source: Le Quotidien le 04-09-2016