Le projet du nouveau marché au profit de la commune de Bab El Oued, dévoilé par la wilaya d’Alger le 7 avril 2019 et qui devrait remplacer le mythique marché des Trois Horloges, fait d’ores et déjà polémique.
En effet, si la maquette de la structure du nouveau projet validée par l’ex-wali d’Alger met en relief les nombreux atouts de ce projet aux normes internationales, il n’en demeure pas moins que sur le terrain, le chantier commence à faire des dommages collatéraux. Les vieux immeubles qui ceinturent le chantier sont menacés à tout moment par un probable effondrement, nous ont fait savoir les habitants des immeubles de la rue Ahmed Bouder.
«Nous avons constaté depuis quelques jours que les travaux de réalisation du nouveau marché présentent un danger imminent pour les nombreuses familles habitant cette rue et ceux aux alentours. Les pelleteuses hydrauliques ainsi que les engins de terrassement présents sur le lieu, qui effectuent des opérations d’extraction, de creusage, de manutention, peuvent mettre nos vies en péril à cause des ondes de vibration qui touchent nos habitations menaçant ruine.
Ça risque de flancher, ce qui pourrait provoquer une tragédie considérable», explique Mourad, l’un des locataires résidant dans l’immeuble n° 9. Les plaignants ont, en effet, remarqué que les dégâts sont nettement apparents du fait de l’érosion des parcelles de terrain.
Un chantier «épée de Damoclès»
Cette situation qui en découle exaspère doublement les plaignants. Au-delà des appréhensions, ces derniers déplorent le fait que l’ancien marché des Trois Horloges, classé par les services des CTC de la wilaya en zone «rouge», a été démoli dans l’urgence, mais en parallèle, les solutions pour les occupants de ces immeubles, classés en amont en zone rouge, tardent à venir.
Des initiatives prises à deux vitesses. «En sus des désagréments causés par la série de séismes, les affres du temps et le climat qui ont un effet dévastateur sur nos vieux gîtes ainsi que les fissures causées par les vibrations lors de la démolition de l’ancien marché, la relance de ce chantier semble accélérer la vulnérabilité de nos immeubles», fulmine un quinquagénaire du même quartier.
De l’avis des plaignants qui se sont constitués en comité, il s’avérerait clairement que lors de l’élaboration du projet du nouveau marché, les services de la wilaya n’ont pas pris en compte l’état des lieux, le plan du sol et les préoccupations qui gravitent autour du projet. «Il semblerait que les services de la wilaya n’auraient pas coordonné entre le service chargé de l’habitat, les CTC et ceux qui sont chargés du plan de développent», exprime un interlocuteur.
Bien que peu visible de prime abord, il n’en demeure pas moins que le constat est alarmant une fois rentré dans les immeubles. Les murs sont fissurés de part et d’autre dans les parties communes, les plafonds sont partiellement endommagés et la peinture écaillée. Les dégâts sont beaucoup plus perceptibles dans les cages d’escalier où les rampes se détachent et s’effritent au rythme des vibrations provoquées par les travaux de creusage.
En somme, rien de rassurant. Pis encore, le risque des intempéries fait craindre le pire, poussant l’entreprise réalisatrice à se mettre en course contre le temps pour tenter d’avancer dans l’achèvement des fondations.
A y comprendre plus clair, les services de la wilaya d’Alger n’auraient pas jugé utile qu’un audit de sécurité soit mené sur les immeubles voisins du chantier étant donné que ces habitations sont majoritairement classées zone «rouge» depuis plusieurs années suite à des expertises. «Nous ignorons pourquoi notre relogement est renvoyé aux calendes grecques étant donné que nous sommes classés parmi les prioritaires. La primauté est complètement bafouées par les autorités concernées», déplorent-ils.
Notons à ce propos que des requêtes ont été déposées par les habitants de ces immeubles au niveau de la daïra ainsi que l’apc pour qu’une commission d’expertise soit détachée sur les lieux dans les plus brefs délais.
A ce titre, qu’attendent les services concernés pour trouver une solution consensuelle qui épargnerait les risques à ces habitants et en même temps entamer le projet qui coûtera 40 milliards de centimes alloués par la wilaya.
A quelques encablures de Bab El Oued, un immeuble de la vieille Casbah, classé aussi rouge par les CTC, s’est effondré en avril dernier à la rue Tameglit, faisant cinq morts. Faudrait-il des morts en plus ?
Source : Elwatan du 12 JANVIER 2020