Cette règle énoncée par les économistes et que l’adage populaire s’est appropriée, a-t-elle trouvé sa validation en Algérie ? Le plan de développement 2010-2014 évalué à plus de 286 milliards de dollars dont 150 milliards de dollars pour le seul secteur du bâtiment et des travaux publics, ne peut laisser indifférents les opérateurs algériens et étrangers intéressés par les activités de construction en expansion. La perspective de gros marchés explique en grande partie cet engouement.
Outre l’intérêt économique et financier, qui focalise en premier lieu l’attention des entreprises, la politique économique menée par le nouvel exécutif, les opportunités d’investissements que recèle l’Algérie, mais, aussi, les dérapages, relevés dans un passé récent, lors de la passation de gros marchés publics, tels que les scandales qui ont éclaboussé les gestionnaires de l’autoroute Est-Ouest, mettent en avant l’exigence de la priorité d’accorder une attention toute particulière aux questions de la qualité, du coût et du respect des règles urbanistiques. Au demeurant, les carences en matière de qualité, de coût et de délais de réalisation, les retards accusés dans la réalisation du programme en cours, reconnu par les autorités elles- mêmes, en sont la parfaite illustration.
En deuxième lieu, comme affirmé maintes fois par les pouvoirs publics, en matière d’études et d’ingénierie, la priorité absolue doit être accordée aux capacités nationales publiques et privées, sauf là où elles n’existeraient pas. Cette option vaut également pour le volet réalisation en associant le secteur privé national productif à la dynamique d’ensemble.
En troisième lieu, et compte tenu des hésitations des firmes étrangères à investir en Algérie, hésitations mesurables à travers la faiblesse des IDE- investissements directs étrangers- le plan de développement 2010-2014 constitue tout de même une opportunité de reformulation de la stratégie nationale de captation des IDE sans “frilosité”, en introduisant davantage de transparence dans la gestion des mégaprojets et de l’économie en général qui peut servir de point d’appui au prolongement de la réflexion autour des conditions de reformulation des stratégies urbanistiques en rupture avec l’anarchie qui caractérise l’environnement et la structuration architecturale des grands centres urbains.
Adossée à la nouvelle réglementation qui régit désormais l’urbanisme, une telle démarche répondra, en grande partie, aux attentes des citoyens qui aspirent à l’amélioration de leur cadre de vie. En vérité, la vraie question est des savoir si cette dynamique remarquable de relance du secteur du BTPH, (moteur de la croissance à travers la dépense publique), s’est réellement traduite par des effets induits sur les autres pans de l’économie nationale (emplois, développement de la sous-traitance, transfert technologique….) ; rien n’est moins sûr aux dires des experts. Au-delà des retards accusés dans l’achèvement du plan quinquennal en cours (objectif 2,5 millions de logements), il reste à réaliser environ 700 000 unités.— le ministre de l’Habitat a affirmé que nos capacités de réalisation sont de 80 000 unités /an, alors que les besoins de résorption de la crise de logement sont de l’ordre de 200 000 unités/ans— Les entraves bureaucratiques de toute nature, telles que l’accès aux assiettes foncières ainsi qu’aux conditions d’octroi de crédits bancaires pour booster la promotion immobilière privée, sont toujours présentes. Enfin, il est grand temps de nous poser la question de savoir pourquoi nos travailleurs seraient moins performants, moins qualifiés et moins productifs que leurs homologues chinois ou coréens ? Dans une conjoncture de chômage endémique, est-il dans notre intérêt de continuer à faire appel à la main-d’œuvre étrangère ?
Source: Liberté