L’insolvabilité des citoyens est un risque sérieux et une crise immobilière pointe à l’horizon, selon le professeur Abderrahmane Mebtoul.
La crise financière de 2008 a suscité certains débats en Algérie à cause des effets sur les recettes des hydrocarbures, mais il y a un autre danger qui est celui de l’éclatement de la bulle immobilière qui pointe à l’horizon. C’est de cela que le professeur a parlé dans une récence contribution, même s’il a déjà la même position depuis 2014, lorsqu’il s’adressait à une revue spécialisée Aménagement et Histoire.
Mebtoul pense que l’insolvabilité de bon nombre de citoyens ayant acquis des logements à des taux d’intérêts bonifiés est un risque qui n’est pas écarté, ce qui pourrait provoquer une véritable crise sociale et politique. D’ailleurs, en cas de poursuite de la chute du cours des hydrocarbures, d’épuisement du Fonds de régulation des recettes et d’épuisement des réserves de changes, les banques devront forcément relever leur taux d’intérêt, ne pouvant plus être recapitalisées via la rente des hydrocarbures. Est-ce la même chose qu’aux Etats-Unis en 2008? Il répond que c’est le cas lors de la crise de 2008 et même en Espagne qui a misé sur le Btph. Même l’Algérie a privilégié cette tendance de miser sur le Btph ce qui pourrait lui faire connaître une grave crise économique. Il y a aussi le paradoxe de résolution de la crise du logement sans relance économique réelle? Ce qui prépare le nid à de vastes contestations sociales car actuellement plusieurs familles vivent sous le même toit.
Il ajoute que pour en finir avec ce paradoxe, il est urgent de penser aux réformes structurelles liées à la gouvernance et à la mise en place d’institutions adaptées à une vision stratégique de long terme avec la réforme du système financier algérien, notamment public qui concentre plus de 85% des crédits octroyés. Les Algériens seront dans l’obligation de restreindre les crédits à l’immobilier dans le Btph même au risque de ralentir leur taux de croissance. Cela est d’autant plus vrai qu’en raison de la persistance de la crise mondiale, les tendances baissières du cours des hydrocarbures se confirment et la nécessité de réduire certaines dépenses aussi.
Ces mises en garde quant au danger d’une bulle immobilière en Algérie continuent au moment où le cours du pétrole est en dessous des 50 dollars. Selon l’économiste, il faut également compter le prix de cession du gaz totalement déconnecté du prix du pétrole? Ce qui provoquerait une crise sociale sans précédent en Algérie. Lors de la bulle immobilière de 2008, les banques ont fait des prêts immobiliers à des ménages insolvables ou présentant peu de garanties à des taux d’intérêts élevés. Il y a eu ensuite la diffusion des mauvaises créances dans le marché. Pour évacuer les risques, les banques découpent leur dette en produits financiers pour la revendre sur le marché. En tant qu’expert, il pense que les réformes conditionnent le choix de segments en termes d’avantages comparatifs (coût-qualité) dans le cadre des valeurs internationales notamment en copartenariat. «Si l’on veut réaliser cette transition d’une production et d’exportation hors hydrocarbures elle même liée à la transition énergétique et éviter ce dépérissement du tissu productif, il faut que le secteur industriel représentant moins de 5% du PIB aille vers 15 à 20% minimum à l’horizon 2020», dit-il.
source: L’Expression le 15-08-2016