Le dossier des chalets est loin d’être clos dans la wilaya de Boumerdès. Elles sont encore 4700 familles à vivoter dans ces habitations provisoires dont la durée de vie est dépassée depuis plusieurs années.
Les programmes de logement avancent très lentement, accentuant les malheurs des habitants en raison de l’état de dégradation avancée des chalets et des sites où ils sont implantés après le séisme de 2003.
Selon l’Opgi, 4227 logements sociaux achevés depuis une année tardent à être distribués faute de viabilisation tandis que 3449 connaissent d’énormes retards dans la réalisation.
Cette situation fait beaucoup de mécontents. En effet, il ne se passe pas une semaine sans que des protestations ne soient signalées dans la région à cause des fausses promesses des autorités. Avant-hier, des dizaines de citoyens habitant au site des chalets Cassio à Corso ont observé un sit-in devant la wilaya pour exiger leur relogement dans les meilleurs délais. Exaspérés, les manifestants affirment que leurs chalets (777) deviennent inaccessibles à la moindre averse.
En plus des infiltrations eaux pluviales, certains ont les réseaux d’assainissment bouchés, d’où les inondations de ces derniers jours. De loin, le site offre l’allure d’un bidonville avec des routes très dégradées, des ordures et des égouts partout. .Ici, le nombre de barraques de parpaing dépasse de loin celui des chalets. «On n’a pas le choix. C’est le seul moyen de faire face à l’exigüité», fulmine Réda, un jeune apostrophé à l’entrée du quartier.
Pour lui, leur calvaire est bien parti pour durer tant aucun programme de logement n’est en cours de réalisation dans la commune. Une appréhension qui a été confirmée par le vice-président d’APC, M. Hamlat. «On a un projet de 400 logements à Berrahmoune, mais il est à l’arrêt depuis belle lurette alors que notre commune abrite encore 1100 chalets», a-t-il précisé. Même problème dans d’autres localités de la wilaya.
La commune de Boumerdès abrite encore plus de 1000 chalets dont la majorité est implanté à l’intérieur des zones touristiques comme c’est le cas à Figuier, Seghirate et Sahel.
Là aussi, les programmes de logement (1000 + 700) patinent. A Zemmouri, épicentre du séisme de 2003, l’espoir d’une vie meilleure pour les occupants des chalets s’amenuise de jour en jour. «On avait 1645 chalets. On a éradiqué 600 et reste 1045, mais on un programme de 1000 logements qui sera lancé incessamment», souligne le chef de daira de Bordj Menaïel. Ailleurs, le défi est presque relevé même s’il subsiste encore des dizaines de familles dans des sites censés être éradiqués totalement. Les autorités font état de 10296 chalets démantelés depuis 2013.
L’opération a touché 55 sites, mais seuls six été éradiqués dans leur totalité. Les autres sites abritent encore plusieurs familles qui vivent au milieu d’un décor apocalyptique avec des carcasses de chalets détruits, des fuites d’eau usée, des monticules de gravats et des câbles électriques ça et là. Cela est constaté à Thénia, Naciria, Béni Amrane, Bordj Menaiel, Issers, Sahel, Sablière, Figuier, etc. A Thénia et Bordj Menaiel, plus d’une centaine de familles ont été laissées à leur triste sort livrées à tous les maux à Hai Ellouz et Vachy; les autorités leur ont coupé même l’eau et l’électricité.
Certaines familles ont été exclues du relogement pour avoir bénéficié auparavant d’une aide de l’Etat. Mais est-ce une raison de les laisser dans ce no man’s land en proie à tous les maux ? N’a-t-il pas d’autres formules plus appropriée à même de mettre un terme à leur vie de misère et permettre la récupération des terrains en vue d’y réaliser des équipements publics ?
De nouvelles cités en attente de viabilisation
La viabilisation des nouveaux sites d’habitation reste une problématique majeure dans la wilaya de Boumerdès. L’Opgi réalise des centaines de logements par an, mais la livraison ne suit pas. En octobre dernier, il est fait état de 4227 appartements qui n’ont pas été attribués en raison de la non-viabilisation des espaces extérieurs. Cela est constaté à Bordj Menaiel, Naciria, Thénia, Issers, Figuier, Si Mustapha, etc. Cette situation résulte des problèmes de financement et des procédures d’octroi des marchés et la séparation de la partie VRD de celle des logements alors que la logique voudrait qu’elles soient confiées à une seule entreprise pour éviter les retards. Ajouter à cela d’enchevêtrement des responsabilités de l’Opgi et de la Duc.
A Boumerdès, tout est géré au bon vouloir des wali. Les VRD sont confiés tantôt à l’office, tantôt à la direction de l’urbanisme. Mais le résultat est le même malgré l’affectation d’une enveloppe de 300 milliards de centimes pour la viabilisation de 85 sites à travers la wilaya.
Source : Elwatan du 15 JANVIER 2020