La misère sociale qui frappe des pans entiers de la société, conjuguée à celle du logement, pousse les plus timorés à la protestation. Hier, lundi, ce sont les habitants des bidonvilles de la ville d’Aïn Bessem, à 26 kilomètres au sud-ouest de Bouira, qui se sont déplacés au chef-lieu de wilaya dans l’espoir de voir le wali.
Accueillis par un cordon de sécurité devant le portail principal, des dizaines de protestataires, des femmes, pour la plupart âgées, ont été empêchés de rencontrer le chef de l’exécutif. Après moult hésitations et l’obstination des contestataires, des policiers ont accepté le principe de dégager quatre représentants et de les introduire à l’intérieur du siège pour voir un responsable.
Cependant, même avec cette solution, la tension était omniprésente surtout après que des forces de l’ordre eurent appréhendé un des jeunes manifestants, en train de filmer l’action avec son téléphone portable. Les policiers l’ont malmené devant les regards ahuris de ses camarades, lesquels se sont offusqués par ces comportements. D’ailleurs, lors de cette dernière tentative de les disperser, ils ont procédé à des arrestations. Soit une dizaine au total, conduits au commissariat central.
Pourtant, les citoyens, pour la plupart des pères de famille, ne cessaient d’expliquer aux policiers que leur présence sur les lieux est le résultat du refus des autorités locales et même de la Wilaya de les écouter et de répondre à leurs doléances.
Des logements sociaux achevés depuis plus d’une année ne sont pas encore attribués alors que des dizaines de familles vivent dans une précarité indescriptible. Certains dans des bidonvilles, dépourvus de toutes commodités, ni eau, ni électricité, ni assainissement. Elles racontent leurs supplices, surtout en ces temps de canicule. « Nous passons notre temps à l’extérieur de ces taudis, car nous ne pouvons plus supporter la chaleur du zinc .»
Il faut rappeler qu’outre ces infortunés qui ont fait le déplacement pour exiger un toit décent, d’autres demandeurs de logements sociaux étaient également présents sur les lieux ; rappelant avoir déposé des dossiers depuis des années et attendent toujours.
Mais comme toujours, au lieu d’être écoutés par le wali ou du moins par ses proches collaborateurs, ils sont rabroués et malmenés par les policiers qui disent « faire appliquer la loi, et la loi présentement stipule que tout rassemblement ou sit-in sont interdits ».
Y. Y. 18.08.2020 Le soir d’algérie