Cela fait plus 11 ans que nous vivons dans cet endroit, le bidonville de la cité Fakharine 3 B. Au début de l’année 2008, nous étions à peine une quarantaine de famille. Aujourd’hui nous sommes à 212 constructions. Personne n’a cherché après nous, notamment les autorités locales. Nous vivons bloqués au milieu d’une forêt et aux abords d’un Oued inondés d’eaux usées», déplore un des habitants.
Ces 212 constructions illicites sont implantées tout le long, en empruntant la route qui fait le parallèle avec la cité des 300 logements sociaux participatifs (LSP) et celle de la cité 220 logements sociaux locatifs (LSL), en amont de l’hôpital Dorban de la wilaya de Annaba. Ses occupants vivent la misère qui rappelle étrangement les indigènes de l’époque coloniale. Des pères de famille en colère racontent ce qu’ils endurent en périodes de pluie telles que celles qui ont vu leur habitation gravement endommagée. «Un vent violent a emporté notre toiture. Nous nous sommes retrouvés avec nos enfants sous une pluie battante durant plusieurs nuits. L’eau pluviale coule de partout sur nos murs lézardés», déplorent d’autres familles qui vivent parmi ces habitants, d’une autre époque. El Watan s’est déplacé sur les lieux. Nous avons constaté l’état déplorable des routes et l’absence d’éclairage public.
Des inondations partout dues à l’absence d’avaloirs. Nous avons trouvé une difficulté pour y accéder tant des monticules sont entourés d’arbres et d’herbes piquants. La chaussée est très étroite et glissante du fait de la boue formée au lendemain des averses, des eaux usées à ciel ouvert sillonnent les constructions, dégageant une odeur pestilentielle. «Nous avons des femmes âgées qui souffrent des maladies chroniques. Nous trouvons des difficultés à les évacuer le soir en cas d’urgence. Nos enfants qui vont à l’école glissent quotidiennement faute à la boue, au passage très étroit et aux arbres qui nous entourent. Notre cité est dépourvue de l’éclairage public. Au quotidien, nous sommes exposés aux dangers des animaux errants dans la soirée. Il en est ainsi, il ya quelques mois, où un nouveau-né a été gravement mordu par des rongeurs. Bref, la misère et la désolation forment notre quotidien.», s’insurgent d’autres habitants. Le représentant de ces familles nous a remis des lettres de doléances qui, selon lui, ont été transmises aux autorités locales avec l’espoir de voir leurs cris de détresse entendus.
En vain, cependant. «Nous devrons encore attendre et passer ce énième hiver dans nos baraques en espérant voir la décision des autorités locales de nous attribuer des logements décents. Nous sommes dans l’attente quotidienne de voir enfin notre rêve se réaliser, mais notre situation ne semble pas préoccuper nos responsables. Par ailleurs, nous n’avons pas besoin de créer une association de quartier. Nous nous représentons nous-mêmes devant les autorités locales. Il est de notoriété que les associations œuvrent seulement pour leurs intérêts tout autant que les élus locaux qui profitent au maximum de notre situation. Nous préférons être représentés par nous-mêmes.
Nous lançons un appel aux autorités de se déplacer pour nous recenser sans aucun intermédiaire», préviennent-ils. Pour avoir son avis sur cette situation, nous avons pris attache avec le président de l’assemblée populaire communale (P/APC) de Annaba. En reconnaissant l’état déplorable dans lequel vivent ces citoyens, le maire Merabet Farid a déclaré que : «Nous sommes au courant de cette déplorable situation. Les routes sont, en effet, en mauvais état, dépourvues d’avaloirs et souffrent du manque d’éclairage public. Nous allons “inviter” le wali pour se déplacer avec nous à l’effet de constater de visu cette zone qui nécessite une mise à niveau avec le concours de toutes les directions de l’exécutif.».
Source: El Watan du 26/01/2019