Le wali a déclaré, jeudi denier lors de la dernière session de l’APW, que 14 listes de bénéficiaires de logements sont prêtes, mais qui attendent toujours d’être rendues publiques.
Leur affichage n’est pas sans risque de provoquer, comme d’habitude, des mouvements de protestation, le logement étant un secteur sensible qui touche directement le citoyen. Les manifestations de rue en relation avec la distribution des logements, la contestation des listes établies et la dénonciation des retards dans la réalisation et la livraison des appartements en sont la preuve.
Les élus de l’APW ont dénoncé, jeudi, l’instrumentalisation de ce dossier comme un levier pour servir des agendas et autres échéances pendant que des familles attendent d’être délivrées des coûts de la location et des conditions de vie, parfois intenables dans des taudis. La distribution des logements dépend de la conjoncture politique et sociale, et est devenue, selon les us de l’administration, un instrument pour l’achat de la paix sociale ou de chantage.
Le rapport de l’APW mentionne quelque 8700 logements achevés non attribués à travers la wilaya, pointant du doigt, également, l’inertie des commissions de daïra chargées de l’élaboration des listes. Le retard mis dans la publication des listes des bénéficiaires est du, à la fois, à cet aspect «politique» ainsi qu’à d’autres considérations bureaucratiques.
Installé récemment, le nouveau directeur du logement a hérité d’une situation compliquée, résultant de la gestion décriée de son prédécesseur, désavoué même par le wali de Béjaïa qui a exprimé, lors de la session précédente, son insatisfaction vis-à-vis de la gestion de l’ex directeur.
Il ressort du document de l’APW qu’il n’y a pas une commune qui ne connaît pas des programmes de logements en souffrance, que ce soit en situation d’arrêt des travaux, de non-lancement ou d’abandon de chantier. La commission de l’urbanisme et du logement de l’APW en a recensé une cinquantaine de programmes de différentes formules gérés par l’OPGI, des projets LPA, RHP, des logements sociaux et LSP datant du début des années 2000.
En dépit de la reprise en main du méga programme de logements d’Ighzer Ouzarif, les élus n’ont pas manqué de critiquer la projection d’un pôle urbain sans y prévoir des équipements publics comme les infrastructures sportives, culturelles, de loisirs, ou même d’un bureau de poste et autres services financiers. On apprend qu’un hôpital et des établissements scolaires sont prévus, bien que tardivement, au profit de quelque 100 000 résidents.
Dans le rapport de l’APW, les élus ont relevé l’absence totale de coordination entre les intervenants dans ce secteur, à savoir les directions du logement, de l’architecture, urbanisme et construction, chargée des travaux et des études technico-administratives, de l’OPGI et la direction des équipements publics, pour son «fonctionnement bureaucratique», en relevant le manque de souplesse dans l’exécution des procédures administratives.
En contrecarrant l’argument de l’administration qui évoque à chaque fois la rareté du foncier et sa nature escarpée, les élus estiment qu’il est vital de procéder en urgence à l’assainissement du foncier et d’établir une carte foncière claire des biens domaniaux et le protéger ainsi du squat et de la dilapidation.
Interpellé sur le manque de sérieux des entreprises retenues pour la réalisation des logements, le wali de Béjaïa s’est montré «conciliant» face aux entreprises défaillantes, préférant, dit-il, «convier les entrepreneurs à discuter à fin qu’ils reprennent leurs chantiers» au lieu, estiment des élus, de sévir à coups de procès-verbaux ou de résiliation de contrat. Lui-même reconnaît que ces derniers «s’engagent sur plusieurs projets à travers le pays, abandonnant ceux que nous leur avons confié».
elwatan