Quel dispositif adopter pour mettre fin à tous les problèmes et les types d’habitations non réglementaires ? Au moment où la stratégie du gouvernement se focalise sur les bidonvilles et les habitats anarchiques terrestres», les baraques suspendues ne cessent de multiplier.
Dans la majorité des quartiers, les Annabis s’ingénient à trouver le moyen d’élargir leurs maisons, quitte à le faire verticalement. En effet, les bidonvilles suspendus envahissent la métropole. Au centre-ville, où dans les quartiers populaires, les toits de tôle rouillée font désormais partie des «monuments caractéristiques» de la capitale de l’acier. Ces taudis, en zinc ou en briques, donnent une autre image de «Bône la coquette». Celle d’une «casa negra», incapable de circonscrire ses points noirs. Il suffit de survoler la ville d’Annaba à basse attitude pour se rendre compte de l’ampleur du phénomène. Des immeubles modernes, avec une architecture raffinée et bien étudiée, abritent des taudis qui contrastent avec ce beau décor.
Des dizaines de logements de fortune ont été construits sur les terrasses et toits d’immeubles au vu et au su des autorités locales. Personne n’a daigné un jour prendre ses responsabilités et donner l’ordre de démolir ces constructions qui agressent l’esthétique de la ville.
Les citoyens se demandent qui a octroyé les autorisations de construire aux propriétaires de ces immeubles pour bâtir ces piaules bas de gamme. Tout le monde, par contre, s’accorde à dire que les propriétaires d’immeubles qui ont érigé ces constructions illégales sur les terrasses de leurs appartements ont été encouragés par le laxisme des autorités locales qui avaient fermé durant des années les yeux sur ce phénomène. «Dans les quartiers de Annaba et notamment les plus populaires, il est impossible de construire un mur, ou même de déplacer une brique, sans que le «le service technique» ne soit au courant», affirme une habitante de la rue Ben Badis. Et d’ajouter que «pour construire ces baraques suspendues, les propriétaires commencent d’abord par entourer le toit d’un mur en brique ou en zinc avant d’y installer des maisons bien équipées.
Certaines personnes considèrent ces habitations non réglementaires comme «des résidences secondaires». De fait, elles déménagent sur le toit ou dans le jardin pour louer leur maison ou pour la laisser bien entretenue afin d’y recevoir leurs invités», souligne un autre habitant de la rue Gambetta et la place d’Armes, où des centaines de constructions sur les terrasses ont été érigées.
Du côté des propriétaires desdites constructions, c’est un autre son de cloche. «Les habitations sont très étroites. Par exemple, j’habite avec ma femme et mes 11 enfants dans une pièce et une cuisine. Comment voulez-vous que je fasse ? J’étais obligé de construire deux autres chambres sur le toit pour les garçons», explique un père de famille.
Et de préciser que cette solution lui a coûté un investissement d’environ 100 000 DA. Pour lui, cet argument est suffisant pour s’opposer à toute tentative de démolition. «Ce n’est pas maintenant que les autorités locales vont s’amuser à démolir mon habitation. Il fallait interdire ce genre de construction dès le départ et non après qu’on y a investi de grandes sommes d’argent», précise-t-il. Après la guerre contre les bidonvilles et les constructions illicites recensées, les autorités locales et le ministère de l’Habitat vont-ils mener un autre combat contre les bidonvilles suspendus ?
Ces bidonvilles, selon des spécialistes versés dans le créneau de l’immobilier, sont un réel danger, car à la différence des immeubles qui sont construits dans les normes urbanistiques, les bidonvilles suspendus sont tous conçus et réalisés à la va-vite sans le moindre respect de fiabilité de la construction.
Du coup, ils représentent un véritable danger pour les passants. Les risques de voir ces cellules s’effondrer à tout moment sont énormes.
La semaine dernière, un jeune garçon a trouvé la mort dans le vieux quartier des Béni M’Haffeur, suite à l’effondrement de la façade d’une baraque construite illégalement sur le toit d’une maison. Pourtant, des pans de ce mur sont déjà tombés auparavant mais cela n’a pas empêché les propriétaires d’y ajouter des briques comme «aménagement».
Pour certains qui habitent ces bâtisses en ruine par nécessité, très souvent ils ignorent les risques qu’ils prennent. Chaque jour, de nouveaux étages sont ajoutés, des pièces sont construites sur des terrasses de maisons datant souvent de plus d’un siècle au mépris des centaines de vie qui sont mises en danger
Source: le jeune indépendant