Le chapitre de milliers de logements publics locatifs (LPL) non distribués prend les allures d’un énorme scandale financier à Sétif.
Le cas des 500 logements d’Ouled Saber, chef-lieu de commune situé à 10 km à l’est de Aïn Fouara, est l’exemple type de la dilapidation des deniers publics. Lancés en 2007 au titre du Programme de résorption de l’habitat précaire (RHP), les appartements, achevés depuis belle lurette, ne sont pas livrés, 13 ans après.
Ayant vu passer 5 walis, plusieurs directeurs d’OPGI (Office de promotion et gestion immobilière) et DUC (Directeur de l’urbanisme et de la construction), les 500 logements font face aux aléas du temps, aux actes de vandalisme et au dilettantisme des responsables concernés.
Relevé à maintes reprises, le sempiternel problème de la Voirie et réseaux divers (VRD) vient lui aussi aggraver la situation des 500 appartements destinés aux habitants du bidonville de Chouf Lekdad où vivotent de centaines de familles.
Ne prenant pas la mesure des préjudices occasionnés au Trésor public, les responsables de l’énorme gâchis n’ont jamais été inquiétés ou appelés à rendre des comptes.
Dire que l’argent absorbé par ce projet budgétivore est celui du contribuable, lequel n’a aucun regard sur ses propres affaires. Soulignons que les innombrables coups de gueule des citoyens contraints d’observer des sit-in devant le siège de la wilaya rien que pour alerter les différents walis qui se sont succédé à la tête de la wilaya de Sétif où le sujet des 500 logements n’est pas un cas isolé, n’obtiennent toujours pas les résultats escomptés.
Car le sempiternel problème des VRD primaires et secondaires inhérents aux voies d’accès, l’éclairage public, le pavage des trottoirs, le bitumage des routes et l’installation de parkings, compliquent la situation. Comme on n’a toujours pas désigné une entreprise, la situation restera en suspens pour de longs mois encore.
Au grand dam des citoyens et des caisses de l’OPGI dont le manque à gagner dépasserait les 144 millions de dinars (une facture d’un collège de 20 salles de cours) qui s’ajouteraient aux 76 millions de dinars représentants les frais de gardiennage.
Pour de nombreux architectes, la mauvaise gestion est à l’origine de la catastrophe : «Quand une opération atteint un taux de réalisation de 70%, on entame les VRD primaires et secondaires. A Sétif, ce n’est plus le cas. Pour la même histoire, les 200 logements de Beni Ouartilane, les 300 d’Ain El Kebira, les 200 de Bougaa, les 1400 et 610 logements d’Ain S’fiha (Sétif) ne sont pas distribués.
Les pertes se chiffrent en milliards», fulminent nos interlocuteurs. Contacté par El Watan, le directeur du logement de wilaya révèle : «Le problème des VRD d’Ouled Saber a fait dernièrement l’objet d’une inspection d’une équipe du ministère ayant instruit l’OPGI à relever certaines réserves et la DUAC à reprendre les travaux, toujours en stand by.» Le directeur de l’OPGI, n’est pas de cet avis : «Les 500 logements d’Ouled Saber ont fait l’objet d’une réception graduelle.
La première intervient en 2011. Les VRD tertiaires, c’est-à-dire les raccordements intérieurs, sont achevés à 100%. Alors que les VRD premières et secondaires bloquent la distribution. Cette situation n’arrange pas l’office. En plus de l’énorme manque à gagner, notre trésorerie supporte indéfiniment les lourdes charges de gardiennage.
La situation perdure. La réhabilitation des 10 logements vandalisés a été réalisée à titre gracieux par des entreprises – partenaires de l’office», précise notre interlocuteur n’ayant pas voulu dire que la balle est dans le camp de la Direction de l’urbanisme, d’architecture et de construction (DUAC) perturbée par la valse des directeurs.
Et Comme un malheur n’arrive jamais seul, la daïra de Sétif n’a toujours pas établi les listes des futurs bénéficiaires des 500 logements victimes d’une mauvaise gestion à la peau dure.
Elwatan du 06 JUIN 2020