Cette situation est causée par les créances impayées qui s’élèvent à 2 milliards de dinars rien que pour les avenants.
Le secteur du bâtiment, des travaux publics et de l’hydraulique (BTPH) se débat dans des difficultés inextricables. 3 650 entreprises ont cessé leur activité fin avril 2019, provoquant ainsi la destruction de 275 000 emplois dans ce secteur. C’est ce qu’a révélé, hier à Alger, Aidh Moussa, porte-parole de l’Association générale des entrepreneurs algériens (Agea), lors d’une conférence de presse organisée en marge de l’assemblée générale de l’association patronale. 365 000 sociétés et 175 000 postes de travail risquent, également, de disparaître progressivement, avertit le responsable de l’Agea. Cet état des lieux “catastrophique” est le résultat direct des énormes impayés des entreprises, de l’absence de plan de charge et du harcèlement des entreprises par les différentes caisses. Rien que pour les avenants, les créances impayées s’élèvent à 2 milliards de dinars. Certains impayés remontent à 2014. “À ce rythme, nous risquons de ne pas trouver d’entreprises algériennes”, a alerté le porte-parole de l’Agea, regrettant la non-prise en compte des propositions émises par l’association patronale et transmises aux hautes autorités du pays. Face à cette situation, l’Agea a appelé les pouvoirs publics à agir vite pour trouver des solutions, suggérant l’ouverture d’un dialogue national sur la situation économique du pays. Le porte-parole de l’association patronale a évoqué l’organisation des rencontres avec “les partenaires économiques et les associations professionnelles”. L’Agea a proposé, entre autres, l’impératif de procéder à l’annulation pure et simple de la “short-list” des entreprises accédant aux projets via le gré à gré et de revenir au code des marchés publics avec la préférence de 25% des entreprises, publiques ou privées. La suppression de cette short-list, prévue pour la réalisation du programme de logements, permettra aux entreprises nationales de bénéficier des marchés publics pour leur survie du fait de la situation économique du pays. L’Agea demande la dépénalisation (fiscale et parafiscale) des entreprises du secteur du BTPH en raison de la conjoncture.
L’Agea et la Cipa plaident pour une trêve fiscale et parafiscale
Le secteur du BTP est loin d’être le seul touché par cette situation de marasme. Le président de la Confédération des industriels et producteurs algériens (Cipa), Abdelwahab Ziani, rencontré au siège de de l’Agea, affirme que les entreprises nationales dans les différents secteurs d’activité ont perdu 70 à 80% de leur marché. “Nous demandons l’application d’une trêve fiscale et parafiscale et en matière d’intérêt bancaire”, a indiqué M. Ziani, pour éviter les faillites d’entreprises. Le président de la Cipa espère que cette “trêve” pourra intervenir avant la fin de l’année. Il appelle les consommateurs algériens à consommer algérien, pour encourager la production nationale et, par conséquent, réduire le transfert des devises. M. Ziani évoque la possibilité d’économiser environ 10 milliards, avant la fin de l’année, “si le consommateur prend acte”. Pour lui, l’année 2019 est une année “blanche” pour toutes les branches de l’industrie, “le BTP, l’agroalimentaire, le pharmaceutique…”. Le patron de la Cipa affirme que certaines entreprises ont décrété trois mois de congé.
Source : Liberté Algérie du 09.09.2019